Camille Senon milite toujours pour la CGT et contre la Loi Travail

À 91 ans, Camille Senon a dit non à Manuel Valls. Cette rescapée du massacre d'Oradour-sur-Glane refuse d'être décorée par le Premier ministre qui veut faire passer la loi El Khomri. Le 17 mai dernier elle a reçu une lettre de Manuel Valls lui proposant de l'élever au rang de commandeur de l'Ordre du mérite et elle a répondu que dans le contexte actuel, accepter cette distinction serait "renier toute sa vie de militante pour plus de justice, de solidarité, de liberté, de fraternité et de paix."

"Dans le contexte actuel, je ne pouvais pas accepter cette distinction de sa part parce que je suis totalement solidaire avec tous ceux qui luttent en ce moment contre la Loi Travail, que lui vient d'imposer par le 49:3", explique l'ancienne militante CGT des PTT. Et de poursuivre : "Depuis quelques temps l'action syndicale est systématiquement criminalisée, des militants sont arrêtés, poursuivis, présentés devant les tribunaux... Leur seul crime c'est d'avoir mené des luttes pour défendre leur emploi."

Un recul du gouvernement "serait la voie de la raison"

Elle même a participé à de nombreuses luttes pour la condition féminine, contre les guerres d'Indochine et d'Algérie. Une fibre militante qui ne l'a pas quittée : "J'ai réagi en tant que militante syndicale et je voulais donner un signe fort de ma solidarité avec mes camarades qui sont en lutte", et qui tout comme elle sont déçus par la politique de François Hollande. "J'ai voté pour un candidat qui se présentait comme étant de gauche", rappelle Camille Senon, "et apparemment je me suis trompée."

Celle qui a survécu au massacre qui a fait 642 victimes dont plusieurs membres de sa famille, continuera de remplir son devoir de témoin de l'Histoire, mais ne veut pas être récompensée par le gouvernement Valls pour cela. Elle souhaite plutôt que le Premier ministre reçoive les organisations syndicales pour écouter leurs critiques et leurs propositions. Pour elle, un recul du gouvernement "serait la voie de la raison".

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Camille Senon reste donc du côté de ses camarades de la CGT : "Je me reconnais parfaitement dans la CGT d'aujourd'hui", assure-t-elle. "Je pense que c'est justement parce que c'est une organisation très combative qu'elle est très décriée. On tape à bras raccourcis contre la CGT parce que c'est l'adversaire principale et qu'on veut absolument le mettre en difficulté." Mais elle espère que le combat des militants va trouver un échos dans la jeunesse : "J'espère qu'il y aura une prise de conscience parmi les jeunes générations et qu'on pourra obtenir des améliorations des conditions de vie et des conditions de travail. J'espère que les jeunes générations ne seront pas contraintes toute leur vie à la précarité, qu'elles pourront avoir une vie digne dans un monde en paix."