Béatrice Gurrey est journaliste au journal Le Monde, et a suivi de près le couple Chirac durant sa carrière. Aujourd'hui, elle publie Les Chirac , les secrets du clan (Robert-Laffont) et raconte l'histoire de la famille et révèle de nombreuses anecdotes encore inconnues.
"Ils ne sont pas forcément sympathiques au premier abord, éclaire-t-elle. Bernadette peut être extrêmement glaciale, tout le monde tremble dans la cour, c'est une monarchie et les courtisans sont très désireux d'avoir les faveurs de la reine."
Revenant plus en profondeur sur l'ancienne première dame de France, elle dresse le portrait d'une femme devenue "requin" au fil des années, mais pleine d'esprit. "Elle était une femme timide, mais a surpassé tout ça et est devenue femme politique. C'est tout de même la seule femme de Président a avoir eu une carrière politique autonome."
Élue pendant 37 ans, elle est toujours conseillère générale de Corrèze. Béatrice Gurrey rapporte qu'elle peut aussi avoir de l'humour. "Quand je me suis mariée j'avais trois objectifs : un homme riche, raté. Du même milieu social, raté. 'Vous vouliez un homme fidèle aussi ?' quelqu'un lui demandait. Encore raté."
Bernadette avait par ailleurs écrit dans son livre Conversation (de Bernadette Chirac et Patrick de Carolis, Plon) : "Les filles ça galopait, je les connais toutes". "Cela n'est pas vrai, rectifie Gurrey. Un des amis de Jacques Chirac le concède. Elle a quand même beaucoup aimé cette vie à l'Élysée, cette vie mondaine. Jean Guitton disait qu'elle était "la dernière reine de France."
Bernadette pense-t-elle avoir été la meilleure première dame de France ? Si elle ne l'avoue pas publiquement, elle sait qu'elle a eu un rôle prépondérant dans la vie publique. "Elle pense qu'elle a fait la carrière de son mari, rapporte Gurrey. Sans elle, il n'aurait pas forcément accompli cette extraordinaire carrière. Il n'y a pas de trou dans le CV de Chirac, il n'y a aucun équivalent."
Le charisme de Jacques Chirac n'est plus à prouver, et selon Béatrice Gurrey c'est ce qui l'a rendu populaire. "Une fois qu'il a quitté le pouvoir il est redevenu très populaire, un classique en politique. Mais avec lui, il y a un facteur multiplicateur. C'est quelqu'un qui s'est beaucoup occupé des autres."
Il y a un moment cocasse dans le livre où l'auteur raconte que Jacques Chirac avait annoté au feutre rouge dans un message au président du Conseil Constitutionnel, Jean-Louis Debré : "Trouve lui un boulot, car c'est la fille d'un Corrézien qui m'a aidé et ils sont dans la difficulté". Béatrice Gurrey explique que ce genre de choses est ancré au plus profond de l'ancien président, et qu'il est "inutile de lui faire comprendre que cette démarche n'est pas exactement opportune."
"Il y a une grande générosité chez Chirac, il a toujours essayé d'aider, même au milieu d'une campagne présidentielle, il prenait encore le temps d'aider et de rendre service." Des manœuvres politiciennes ? Pas forcément selon Gurrey. "C'est toujours compliqué, ce n'est jamais tout blanc ou tout noir. Mais cela fait partie de sa personnalité, de sa générosité, il y a un savoir-faire très grand dans cette famille."
Alors que la famille Chirac a connu beaucoup de drames, Béatrice Gurrey rappelle que Jacques Chirac a toujours su protéger sa vie privée. "Il ne parlait jamais de sa fille Laurence qui a fait plusieurs tentatives de suicide. C'est un homme extrêmement pudique."
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