Les Verts ont décidé mardi 1er avril de ne pas participer au gouvernement de Manuel Valls. C'est une mauvaise nouvelle pour le nouveau premier ministre. Ce n'est jamais bon de démarrer à Matignon sur un refus - qui ressemble d'ailleurs à un camouflet - et avec une majorité étriquée. Sans les écolos, les socialistes n'ont plus qu'une toute petite voix de majorité.
Les Verts n'étaient déjà pas très solidaires de la politique gouvernementale. Cette fois, ils vont pouvoir lâcher les coups. Vu le climat de défiance vis-à-vis du nouveau premier ministre, ils ne s'en priveront pas.
Manuel Valls a perdu son airbag écolo. Il lui en reste un : le Parti socialiste. Mais comme là aussi ça grince, il faut s'attendre à des négociations très serrées sur chaque texte, et en particulier sur le "pacte de responsabilité".
Le refus des Verts n'est pas une surprise pour ceux qui connaissent le climat de détestation entre Manuel Valls et Cécile Duflot. Il y a du règlement de comptes dans cette affaire. Ils se sont haïs sur les roms. Ils se séparent. Il n'y a donc pas de surprise.
Cela fait deux ans que Cécile Duflot fait avaler à ses amis les couleuvres de François Hollande : la sortie du nucléaire reportée, l’ambiguïté sur les gaz de schiste, Fessenheim ou pas, l'écotaxe... Manuel Valls a bon dos. C'est un peu le bon prétexte pour claquer la porte.
Fondamentalement, il va mener exactement la même politique que Jean-Marc Ayrault. C'est-à-dire celle de François Hollande. Le cap n'a pas changé.
Alors, pourquoi maintenant ? Parce qu'au fond, les Verts n'ont jamais été hollando-compatibles. Les Verts avaient topé avec Martine Aubry, bien plus à gauche. Hollande, pour eux, ça a été la mauvaise surprise des primaires. Alors, ils ont joué le jeu tant que Cécile Duflot y a trouvé un intérêt. Mais ça ne pouvait pas durer.
Par ailleurs, la nouveauté c'est qu'ils se sentent très fort. Vous comprenez, les Verts ont pris Grenoble ! C'est le seul parti qui progresse à gauche aux municipales. Il faut revoir la scène à laquelle on a assisté mardi : les deux ministres sortants qui refusent de participer au gouvernement, avec un peu de mépris ; les quatre dirigeants en délégation chez le nouveau Premier ministre, qui réclament plus de postes.
La toute nouvelle assurance des Verts se voit aussi dans la menace. Tout ceux qui accepteraient un ministère seraient immédiatement exclus. Un Vert au ministère n'est qu'un Vert solitaire. C'est assez radical, non ?
En fait, ce n'est pas une ligne aussi claire que cela. Les élus sont très divisés sur cette sortie du gouvernement. On se fait "hara-kiri", tweetait un député Vert mardi. On sait que le patron du groupe au Sénat, les patrons de groupe à l'Assemblée voulaient rester.
Il y a chez les Verts une schizophrénie : entre la base qui flirte avec les alter-mondialistes, qui manifeste pour les roms et les sans-papiers ; et les élus qui voient bien que la rupture ça n'est pas leur intérêt.
Mais encore une fois, celle qui a décidé, c'est Cécile Duflot. C'est elle qui tire les ficelles. Cécile Duflot, elle fait plus de politique que d'écologie. Elle ne pense qu'aux européennes. Les Verts seront plus forts hors du gouvernement que dedans.
Pour elle, c'est un tournant. Cécile Duflot s'est construite comme ministre, comme la bonne élève de l'équipe Hollande. Le Président en disait tellement de bien au début, c'était la chouchou. Elle a besoin de s'émanciper. Finalement cette rupture, c'est aussi ses premiers pas sur le chemin de la présidentielle.
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