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Affiches polémiques à Béziers : "Ménard est un ignoble, un tout petit", attaque Rossignol

INTERVIEWS - Robert Ménard a dévoilé une campagne de publicité pour le TGV Occitanie, sur laquelle on voit une femme, ligotée à des rails, hurlant alors qu'une locomotive fonce sur elle. Selon l'ancienne ministre des Droits des femmes, cela fait référence à l'assassinat d'Émilie, en juin dernier.

Laurence Rossignol, le 8 mars 2017
Laurence Rossignol, le 8 mars 2017
Crédit : Etienne LAURENT / EPA POOL / AFP
Robert Ménard est un "ignoble qui essaye de faire parler de lui par des provocations constantes", affirme Laurence Rossignol
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Robert Ménard crée à nouveau la polémique, en réclamant le TGV à Béziers
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Marie-Pierre Haddad

"Ignoble", "atroce", "nausée". Voici la teneur des réactions sur les réseaux sociaux après la diffusion d'une campagne de publicité à Béziers, par Robert Ménard. Sur ces images polémiques, on peut voir une femme, ligotée à des rails, Son buste, ses mains et ses pieds sont attachées par une corde. Elle est en train d'hurler, à l'approche d'une locomotive. Le slogan écrit en lettres capitales et en noir, en haut de l'affiche, est glaçant : "Avec le TGV, elle aurait moins souffert !". Au bas de l'affiche, les phrases "mobilisons-nous !" et "#TGVOccitanieOui". Une autre affiche a aussi été publiée. On y voit une femme en train d'accoucher avec le message "TGC Occitanie, alors t'accouches ?".

Indignée, l'ancienne ministre des Droits des femmes, Laurence Rossignol, a posté sur Twitter : "Elle s'appelait Emilie, elle avait 34 ans et 4 enfants. En juin 2017, son mari l'a assassinée en l'attachant sur les rails du TGV. L'ignoble Robert Ménard l'a tuée une deuxième fois. Je demande le retrait immédiat et des poursuites". La sénatrice de l'Oise a saisi le procureur et déposé plainte pour que l'affiche soit retirée et que des poursuites soient engagées contre ses auteurs.

Laurence Rossignol fait référence au féminicide d'Émilie Hallouin (34 ans) le 12 juin 2017. Son cadavre ainsi que celui de son époux, Guillaume Grémy (37 ans), ont été retrouvés sur les rails à Beauvilliers, dans l'Eure-et-Loir, après le passage d'un train. Libération raconte que cette femme "était secrétaire administrative. Elle avait un bébé de 15 mois avec Guillaume, ancien concessionnaire automobile. Ils élevaient également ensemble trois autres enfants issus d’unions précédentes". 

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Le journal ajoute qu'ils "étaient en instance de divorce après deux ans de mariage. Guillaume a confié les enfants pour la nuit aux grands-parents. Le lendemain, un TGV parti de Paris vers Nantes a percuté leurs corps. Émilie avait été ligotée au niveau des chevilles et des poignets avec du ruban adhésif. D’après l’autopsie, elle était vivante au moment du passage du train".

Qu'on ne vienne pas me dire que c'est drôle et que c'est de l'humour

Laurence Rossignol à RTL.fr
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Contactée par RTL.fr, l'ancienne ministre de François Hollande estime que "monsieur Ménard est un récidiviste de la provocation". En septembre dernier, Robert Ménard avait déjà suscité l'indignation en affichant dans les rues de Béziers une campagne publicitaire "L'État étrangle nos communes", sur laquelle un homme était représenté en train d'étrangler une femme. Laurence Rossignol ajoute : "Il nous met dans une situation où l'on sait bien qu'il cherche à faire parler de lui. En même temps, on ne peut pas laisser passer une affiche de ce type qui fait explicitement référence aux violences à l'encontre des femmes, tout en faisant un sujet d'amusement". 

Lorsqu'elle a vu l'affiche, elle a "immédiatement pensé" à l'histoire d'Émilie. "Qu'on ne vienne pas me dire que c'est drôle et que c'est de l'humour. Nous faisons des campagnes contre les violences faites aux femmes pour que leur nombre, toujours dramatiquement élevé, se réduise, et lui, il dévoile une affiche où il nous ricane au nez, en disant que ce n'est pas un sujet", explique Laurence Rossignol, qui affirme que Robert Ménard est un "ignoble, un tout petit qui essaye de faire parler de lui par des provocations constantes (...) On ne peut pas laisser passer ça, c'est sans fin".

Des réactions "outrées et paranoïaques", selon Ménard

Au micro de RTL, Robert Ménard assure : "Ça fait trente ans que l'on attend le TGV dans cette région (...) On a essayé d'employer un autre moyen, c'est-à-dire une espèce d'humour noir pour dire aux gens que ça ne peut pas durer et qu'on a le droit comme le reste de la France d'avoir le TGV. Je ne savais même pas que ce fait divers avait eu lieu. Que Madame Rossignol ait l'esprit assez tordu pour mêler cette campagne d'affichage, je trouve ça odieux. Je suis sidéré. C'est une image qui vient d'un film de western (...) Si elle a comme seule réflexion de ramener des choses qui sont des campagnes publicitaires à des faits divers aussi terribles, cela relève du divan d'un psychiatre".

Sur Twitter, le maire de Béziers réplique, assurant que "les réactions outrées et paranoïaques à (son) affiche en disent long sur l'ordre moral qui plombe le pays. Les mêmes auraient brûlé Johnny en 1960, Charlie Hebdo en 1970 ou Gainsbourg en 1980. Inquiétant". 

En réponse, Laurence Rossignol n'est pas surprise : "C'est toujours les victimes qui sont coupables. Je connais très bien ça. Monsieur Ménard cherche d'abord à accuser les autres. Ces affiches sont justes immorales et ignobles. C'est toujours ce que l'on entend lorsqu'il s'agit de sexisme et de harcèlements sexuels. C'est toujours celles qui les dénoncent qui sont accusées de manquer d'humour. C'est un grand classique".

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