Affaire Aquilino Morelle : l'emploi d'un cireur de chaussures "est indécent", selon Alexis Brézet

Proche conseiller de François Hollande, Aquilino Morelle est soupçonné d'avoir touché de l'argent d'un laboratoire pharmaceutique qu'il était chargé de contrôler lorsqu'il travaillait à l'Inspection générale des affaires sociales (Igas). Bien que ces soupçons ne soient pas encore des faits avérés, Aquilino Morelle a démissionné sur conseil de Manuel Valls, moins de 24 heures après que l'affaire soit révélée par Mediapart.  

"Le pouvoir fait tout ce qu'il peut pour que la démission ait le moins de conséquences politiques possible (...) Les leçons de l'interminable feuilleton Cahuzac ont été tirées. Incontestablement Aquilino Morelle est plus digne que Jérôme Cahuzac, et le tandem Valls-Cambadélis nettement plus réactif et déterminé que le duo Ayrault-Désir", estime Alexis Brézet, directeur des rédactions du Figaro.

C'est un peu comme Marie-Antoinette à Versailles qui gardait ses moutons pendant que la révolution grondait.

Alexis Brézet, directeur des rédactions du "Figaro"

L'affaire a son importance, mais selon le journaliste ce n'est pas tant ce conflit d'intérêts qui restera dans les mémoires mais le fait qu'Aquilino Morelle avait un cireur de chaussures à l'Élysée. 

La République exemplaire prend l'eau

"L'image imprimée dans les esprits du conseiller socialiste, d'un président socialiste convoquant sous les ors de l'hôtel de Marigny un cireur de chaussures pour lustrer ses souliers de luxe alignés en ordre de bataille dans une salle réservée à cet effet, eh bien ça c'est proprement désastreux", selon Alexis Brézet qui rappelle qu'Aquilino Morelle est l'homme qui a inspiré le fameux discours du Bourget et ses tirades contre la finance.

Et d'ajouter : "C'est un peu comme Marie-Antoinette à Versailles qui gardait ses moutons pendant que la révolution grondait. (...) Alors même que le gouvernement vient d'annoncer le gel des prestations sociales, cet étalage indécent et insensé est ravageur. C'est pour cette raison politique et non pas pour un motif juridique que Morelle a été exfiltré".

Pour Alexis Brézet, cette affaire montre que la promesse d'une République exemplaire formulée par François Hollande "prend l'eau de toutes parts".