Température record des océans : pourquoi c'est inquiétant

Un nouveau record a été battu il y a quelques jours, le 9 février dernier : 21,2°C, c’est la moyenne de la température des mers et des océans en surface sur toute la planète. Une valeur obtenue en faisant la moyenne des températures sur toutes les bouées météo officielles répertoriées dans le monde. Cette valeur est remarquable puisqu’elle bat le précédent record établi en août 2023, 21,1°C à l’époque. Cela équivaut à un réchauffement global d’environ 1°C, qui paraît peu important lorsqu’on le compare à la limite fixée par les Accords de Paris (1,5°C pour la température de l’air). Toutefois, il y a une certaine inertie dans l’eau, le réchauffement y est beaucoup plus lent, donc +1°C, c’est déjà beaucoup trop ! Par ailleurs, chose inédite, nous sommes quasiment quotidiennement depuis le 1er janvier 2024 au-dessus de la barre des 21°C, un seuil qui n’avait encore jamais été atteint avant l’année 2023.

Deux responsables sont identifiés pour expliquer cette hausse : d’abord un phénomène naturel, qu’on connaît bien, qui existe depuis toujours et contre lequel on ne peut rien. C’est le phénomène El Niño, une modification des courants océaniques qui revient tous les 3 à 7 ans, et qui augmente fortement la température de l’eau dans le Pacifique. Au global, El Niño contribue donc un peu à augmenter la température mondiale des océans. Mais El Niño n’explique pas tout, puisqu’en mars 2023, alors qu’on dépassait les 21°C pour la première fois, El Niño n’avait pas encore commencé. Le deuxième responsable, c’est le réchauffement climatique d’origine humaine, qui contribuerait aussi à l’emballement de la température des océans. Actuellement, les océans Atlantique, Pacifique et Indien sont les plus concernés par cette anomalie chaude, et à l’Ouest de l’Afrique, la température de l’Atlantique est 4°C plus chaude que la normale.

Un océan trop chaud entraîne des conséquences majeures. Les océans représentent 70% de la planète, et c’est aussi le carburant de l’atmosphère. Tout se passe sur les océans : les dépressions s’y forment et cela joue sur le temps qu’il fera sur les continents, avec sans doute des pluies plus intenses. En effet, 1 degré en plus, c’est +7% d’humidité dans l’atmosphère. Autre conséquence, la mauvaise santé des coraux, qui peuvent blanchir et à terme mourir. Au large de la Floride, cet été, les trois quarts des coraux en corne de cerf ont disparu, ils n’ont pas survécu à la température de l’eau trop élevée. S’y ajoute l’acidification des océans, qui appauvrit la biodiversité marine. Enfin, 30% du CO2 émis par les activités humaines est absorbé par les océans, or ce sont les eaux froides qui ont une plus grande capacité d’absorption. Un océan plus chaud, c’est donc plus de CO2 dans l’atmosphère, plus de chaleur, et nous voilà alors dans un triste cercle vicieux…