Derrière ses diatribes, le polémiste controversé Dieudonné M'bala M'bala, condamné pour antisémitisme et dont le spectacle vient d'être interdit en France, a minutieusement organisé ses affaires: son entourage gère les sociétés, lucratives, mais son nom n'apparaît jamais.
Les initiales de l'artiste, dont la plus haute juridiction administrative française a interdit successivement jeudi et vendredi le spectacle "Le Mur" peu avant son début à Nantes (ouest) et à Tours (centre) et dont le préfet de police a interdit trois spectacles à Paris, sont griffonnées sur sa boîte aux lettres au Mesnil-Simon, au sud-ouest de Paris: "D. M'B". Il s'est installé dans cette ferme au milieu des années 90: tennis, piscine couverte, vieilles pierres et poutres apparentes.
Rendu célèbre dans les années 90 par ses sketches avec l'humoriste
juif Elie Semoun, Dieudonné, d'origine camerounaise, a suivi un
parcours singulier, en exprimant de plus en plus ouvertement des
positions antisémites. Il s'est rapproché du parti d'extrême droite Front national, dont l'ancien leader, Jean-Marie Le Pen, est le parrain de l'un de ses enfants. Ses voisins croisent parfois "une grosse voiture noire aux vitres
teintées". Mais lui, ils ne le voient jamais. C'est sa compagne, Noémie
Montagne, qui gère les affaires et le nom de cette dernière figure
partout.
Elle possède, à part égales avec la mère de Dieudonné, les
Productions de la Plume, qui engrangent l'argent des spectacles: 1,8
million d'euros en 2012. Dans son théâtre de la Main d'Or, à Paris, Dieudonné donne
habituellement six représentations par semaine, devant plus de 250
personnes. Prix moyen du ticket: 38 euros. Recettes hebdomadaires:
57.000 euros. Sa précédente tournée a rapporté 2 millions d'euros, ajoute Chrystel
Camus, son ancienne productrice, "et elle n'a pas coûté beaucoup". En 2013, la boîte de production a racheté 551.000 euros une autre
propriété de Dieudonné: une vieille bâtisse et des hangars à
Saint-Lubin-de-la Haye (sud-ouest de Paris).
Des proches vivent dans ces locaux, qui accueillent plusieurs
sociétés, dont "e-quenelle", créée en janvier 2012, en référence à et omniprésente dans les réseaux
sociaux. Ce geste de ralliement, bras et main tendus vers le sol, l'autre
bras replié touchant l'épaule, est un salut antisémite pour les uns, un
bras d'honneur antisystème pour les autres. "E-quenelle, ça rapporte énormément", assure Chrystel Camus. "La
société s'occupe du merchandising sur chaque date. Imaginez 6.000
personnes qui achètent pour dix euros de babioles!" En vente, le T-shirt (15 euros), le pull avec manches graduées
"petite ou grande quenelle" (20 euros), le coffret DVD (70 euros),
l'abonnement mensuel internet (4,90 euros)...
Dieudonné affirmait en 2001: "Je ne suis pas un marchand". Mais, pour Chrystel Camus, il "fait son métier d'humoriste pour gagner de l'argent". Condamné plusieurs fois pour propos antisémites, il n'a toujours pas payé les 65.000 euros d'amende qu'il doit. Il a "sciemment et méthodiquement organisé sa propre insolvabilité",
assure la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme
(Licra), qui a déposé plainte en 2012. L'association s'est tournée en vain vers les sociétés de son entourage et un de ses comptes bancaires, débiteur.
Parallèlement, une enquête préliminaire a été ouverte en janvier
2013 à Chartres (centre) sur des mouvements financiers suspects autour
des comptes de Dieudonné et de ses proches, notamment pour
"blanchiment" et "fraude fiscale". Le polémiste "a expédié plus de 400.000 euros au Cameroun depuis
2009, dont 230.000 pour la seule année 2013", écrit le quotidien Le
Monde. Selon une liste d'importateurs consultable sur le site internet du
ministère du Commerce camerounais, une société, Ewondo Corp, a été
enregistrée en janvier 2013. Unique nom de responsable: Dieudonné
M'bala M'bala. "Il a une propriété au Cameroun. J'ai eu vent qu'il serait devenu un homme d'affaires en Afrique", concède un proche. "Dieudonné se rend au Cameroun à peu près une fois par mois", renchérit Chrystel Camus.
En 2009, Dieudonné avait par ailleurs assuré avoir "reçu un budget
important" en Iran pour "faire des films à la hauteur de ceux d'Hollywood". "L'argent des Iraniens" aurait aussi financé sa "liste
antisioniste" aux élections européennes la même année, selon son
colistier, l'essayiste Alain Soral.
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