"Une étonnante histoire d'amour" : quand le braqueur Michel Vaujour s'évadait à bord d'un hélicoptère piloté par son épouse Nadine

Le 26 mai 1986, il est 10h40 lorsqu'une alouette blanche apparaît dans le ciel au dessus de la prison de la Santé en plein cœur de Paris. C'est l'heure de la promenade et de nombreux détenus sont présents dans la cour de l'établissement. L'un d'entre eux a pris soin de s'équiper de couleurs vives afin que le pilote de l'hélicoptère et un complice le repèrent vite et lui lancent une corde et un sac.

"Il s'est habillé en rouge. Il avait même mis des chaussettes rouge pour que le pilote de l'hélicoptère puisse le repérer tout de suite dans la cour de promenade. Il avait même calculé de se faire aider par un codétenu. Ils sont montés sur les toits assez rapidement", se remémore dans Les Grandes Évasions Armel Legras, chef d'équipe à la BRB, la brigade de répression du banditisme qui a enquêté sur l'évasion de Michel Vaujour.

L'évasion se déroule en 4 minutes sans qu'aucun coup de feu ne soit tiré. L'hélicoptère reste en position stationnaire jusqu'à ce que Michel Vaujour parvienne à s'y accrocher. Une manœuvre particulièrement délicate. Il repart ensuite pour atterrir dans le parc de la Cité Universitaire, tout proche, où une voiture attend le groupe pour prendre la fuite.

Vaujour c'est le mec qui n'a jamais accepté d'être en taule

Alain Hamon, ancien journaliste à RTL

Ce 26 mai 1986, dans son journal de 18h, RTL annonce : "L'extraordinaire évasion de la prison de Santé est aussi une étonnante histoire d'amour". Les médias découvrent alors l'histoire de Nadine Vaujour, l'épouse du fuyard, qui a pris des cours de pilotage dans le but d'aider son mari à se faire la belle. Les policiers, eux, sont loin d'être surpris par cette évasion. Et pour cause : quelques semaines plus tôt, ils ont perquisitionné le domicile de Nadine Vaujour et découvert qu'elle apprenait à piloter des hélicoptères.

Philippe Girard, chef d'équipe à la BRB, la brigade de répression du banditisme, a participé à cette opération de police : "On lui a saisi carrément sa licence et il y avait sur ses cartes aéronautiques des annotations de la prison où était détenu Michel Vaujour. C'est pour ça qu'il a été amené à la Santé : normalement Paris est interdit de survol."

Michel Vaujour en est alors à sa cinquième évasion. Alain Hamon a longtemps enquêté sur lui pour RTL et se souvient des plus mémorables : "Vaujour c'est le mec qui n'a jamais accepté d'être en taule. Il réussit à fabriquer une clef de la porte de sa cellule (...) Il a braqué un juge d'instruction avec un faux pistolet qu'il avait dessiné dans une savonnette".

Le 27 septembre 1986, quelques mois après son évasion par les airs, la cavale de Michel Vaujour prend fin lors du braquage d'une banque dans le XXème arrondissement de Paris. Blessé à la tête par un tir policier, le braqueur s'en sort miraculeusement. De nouveau sur pied, il échafaudera de nouveaux plans d'évasion mais avec une nouvelle complice. Il finit par quitter Nadine : elle a refusé de l'aider à nouveau à se faire la belle.