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Un viticulteur bio devant la justice pour avoir refusé de traiter ses ceps

La justice doit examiner ce lundi le cas d'un viticulteur bourguignon bio qui a refusé de traiter ses vignes contre une maladie. Le procès scandalise les écologistes.

Des vignes, en Bourgogne, lors des vendanges, le 8 octobre 2013 (illustration)
Crédit : JEFF PACHOUD / AFP
La rédaction numérique de RTL & AFP
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Pour avoir refusé de traiter ses vignes bio contre une maladie, un viticulteur bourguignon comparaît ce lundi 24 février devant la justice, à Dijon. Une affaire qui cause l'émoi chez les écologistes, mais aussi l'interprofession bourguignonne, qui craint pour l'image du vin de Bourgogne.

Au printemps dernier, la découverte de foyers de flavescence dorée, une maladie des vignes, près de Beaune, conduit le préfet à imposer de traiter tous les vignobles du département contre la cicadelle, l'insecte qui répand la flavescence dorée. Emmanuel Giboulot, vticulteur en biodynamie depuis les années 1970, s'y refuse sur les dix hectares qu'il exploite en Côte de Beaune Haute-Côte de Nuits. Même à la pyréthrine, pesticide naturel. Car pour lui, tous les traitements vont à l'encontre des "équilibres biologiques".

Six mois de prison et 30.000 euros d'amende

Après un contrôle en juillet de la Direction régionale de l'agriculture, Emmanuel Giboulot est convoqué devant la justice. Il encourt six mois d'emprisonnement et 30.000 euros d'amende.

"C'est une maladie mortelle et très contagieuse, c'est pour cette raison que ces mesures sont obligatoires" et "pour que le traitement soit efficace, il faut que les vignes aient été traitées par tous", justifie le chef du Service régional de l'alimentation, Olivier Lapôtre.

Selon la préfecture de Bourgogne toutefois, une seule parcelle de 0,20 hectare a été fortement touchée par la flavescence dorée en 2013 et devait être arrachée, contre 11,3 ha en 2012.

Pour l'avocat du vigneron, Me Benoist Busson, le préfet n'était en outre pas compétent à agir, "seul le ministre" l'étant, en l'absence d'urgence motivée dans son arrêté. Me Busson estime même que le préfet a fait du zèle : un arrêté ministériel de 2003, revu récemment, prévoit que lorsqu'un cep est contaminé sur une parcelle, le périmètre de lutte contre la flavescence dorée inclut la commune où elle se trouve et éventuellement ses voisines, "mais pas tout le département", d'après l'avocat.

Liberté de choix contre nécessité de traiter

Selon Denis Thiéry cependant, directeur de recherches à l'Institut national de recherche agronomique de Bordeaux, l'épidémie, apparue en France en 1949 en Armagnac (sud-ouest), "explose depuis une dizaine d'années", touchant tous les vignobles européens. Un important foyer avait été découvert fin 2011 dans le nord Mâconnais, en Saône-et-Loire. "Presque tout le vignoble français est touché, hormis le Jura, la Champagne et l'Alsace", précise le spécialiste, pour qui "les plans de lutte doivent être respectés", sinon, "c'est comme refuser de se vacciner quand c'est obligatoire".

"La liberté de choix, en l'absence de menace sanitaire avérée, devrait être de mise", rétorque Sandrine Bélier, députée européenne EELV du Grand Est, qui voit dans l'assignation du vigneron une "absurdité". Le parti écologiste fait partie d'un comité de soutien - où figurent aussi le NPA, Greenpeace et Attac - qui réclame l'arrêt des poursuites judiciaires envers tous les viticulteurs "engagés dans une procédure alternative". Un rassemblement est prévu ce lundi devant le tribunal et des pétitions de soutien ont circulé sur internet.

Face à l'ampleur qu'a prise l'affaire, le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB) a dénoncé vendredi des "contre-vérités" autour du cas, isolé selon lui, d'Emmanuel Giboulot, dont il refuse de faire un martyre du bio car "il n'est pas l'unique défenseur de la nature". Dans le collimateur du BIVB, une vidéo lancée par l'Institut pour la protection de la santé naturelle, association basée à Bruxelles, promeut des "solutions alternatives" pour lutter contre la cicadelle. "Dire qu'il suffit de mettre des pièges orange et un peu d'argile, ce n'est pas vrai (...) Si l'on constate, par une analyse fine comme nous l'avons fait, qu'il n'y pas d'autre choix, il faut traiter", affirme Pascal Lambert, du Service d'écodéveloppement agrobiologique et rural de Bourgogne. "Non, la Bourgogne ne pollue pas" en traitant ses vignes, martèle Claude Chevalier, président du BIVB, pour qui ce procès ne fait pas une bonne publicité à la filière bourguignonne.

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