Il est reproché au père Gérard Riffard, 70 ans, de mettre à la disposition de personnes en attente d'un hébergement, un local paroissial de l'Église Sainte-Claire, dans le quartier de Montreynaud, classé en Zone de sécurité prioritaire (ZSP). Le tribunal de police de Saint-Etienne a mis son jugement en délibéré au 10 septembre.
Le prêtre à la retraite préside depuis quatre ans une association d'accueil et d'accompagnement des sans-logis, baptisée 'Anticyclone', "par référence aux hautes pressions qui chassent les nuages et font rentrer le soleil, même quand il fait froid", a-t-il déclaré à l'audience.
"Au départ, il y a environ sept ans, j'ai commencé à héberger des personnes sans toit dans mon appartement", a-t-il expliqué, ajoutant que depuis le nombre était monté à une quarantaine de sans-abri, dont de nombreux Africains originaires de la RDC, qui dormaient dans la salle paroissiale attenante à l'église.
Le représentant du parquet, André Merle, a requis une amende de 12.000 euros, correspondant à 239 fois une amende 50 euros, pour avoir enfreint un arrêté municipal de février 2013 ordonnant l'arrêt de l'hébergement dans ce bâtiment ne respectant pas toutes les normes de sécurité pour l'accueil du public.
L'ecclésiastique a fait valoir que "l'État est tenu par la loi d'héberger les demandeurs d'asile, ce qu'il ne fait pas complètement", soulignant le conflit entre ce qu'on lui reproche et "l'obligation à ne pas laisser les gens dehors, en situation de danger". "On fait ce qu'on peut avec les moyens qui sont les nôtres, mais on ne tient pas à répondre à toutes les normes de l'hébergement car nous ne sommes pas une structure de cette nature", a-t-il expliqué.
Le prêtre, qui a reçu le soutien de l'évêque de Saint-Etienne Mgr Dominique Lebrun, réfute l'argument suggéré par le président du tribunal d'instance Henry Helfre, selon lequel l'ouverture des portes de cette église et de ses installations sommaires provoquerait "un appel d'air en faveur du puits sans fond qu'est l'immigration clandestine".
La dimension juridique ne doit pas prendre le dessus sur le respect de l'Homme.
Le prêtre Gérard Giffard
Me Chantal Jullien a demandé la relaxe de son client, réfutant le caractère d'établissement recevant du public et ses normes pour le local où logent les adhérents de l'association. Elle a également invoqué "l'état de nécessité et la protection contre un danger imminent, face à la non-application du droit fondamental que constitue l'hébergement d'urgence".
A l'issue de l'audience, le prêtre a exprimé sa satisfaction d'avoir eu "un débat de qualité avec le tribunal, pour poser les questions de fond", soulignant que "la dimension juridique ne doit pas prendre le dessus sur le respect de l'Homme".
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