Tuerie du Musée juif de Bruxelles : Mehdi Nemmouche jugé à partir de ce jeudi

Près de cinq ans après les faits, Mehdi Nemmouche est jugé à partir de ce jeudi 10 janvier devant les assises de la capitale belge pour la tuerie du Musée juif de Bruxelles. Selon l'accusation, Nemmouche est l'homme qui, ce 24 mai 2014 vers 15h45, a ouvert le feu dans le hall d'entrée du Musée juif, tuant un couple de touristes israéliens, une bénévole française et un jeune employé belge du site. Un quadruple assassinat exécuté en 82 secondes, comme s'il était l'oeuvre d'un tueur professionnel. 

Jugé avec un complice, un autre Français qui doit aussi répondre d'"assassinat terroriste" et encourt, comme lui, la réclusion à perpétuité, Mehdi Nemmouche, un Français de 33 ans né à Roubaix, fait figure de principal accusé. 

Si la cour d'assises soutient la thèse de l'accusation, cet attentat antisémite, qui avait ému la communauté internationale, restera comme la première attaque commise sur le sol européen par un combattant jihadiste de retour de Syrie. Ce délinquant multirécidiviste radicalisé en prison est également connu pour son rôle présumé de geôlier de quatre journalistes français en 2013, à Alep (Syrie). Inculpé fin 2017 à Paris dans ce dossier, il devra faire face à un procès distinct en France. 

100 témoins attendus à la barre

Le procès, où sont attendus plus de 100 témoins, débutera ce jeudi à partir de 9 heures, et devrait durer jusqu'en février. L'audience, consacrée jeudi et vendredi à la lecture de l'acte d'accusation, s'annonce comme un bras de fer entre les accusés, qui nient les faits, et les parties civiles, qui jugent "accablantes" les preuves rassemblées. Le premier interrogatoire des deux accusés sur le fond est prévu quant à lui la semaine prochaine, à partir du mardi 15 janvier. 

Pour le Comité de coordination des organisations juives de Belgique (CCOJB), partie civile au procès, le caractère antisémite des assassinats reprochés à l'accusé ne fait aucun doute. 
La crainte de Yohan Benizri, président du CCOJB, est que ses avocats, Sébastien Courtoy et Henri Laquay, tentent de "minimiser" cet aspect antisémite, ou de "tenir un discours de type complotiste". L'hypothèse de la responsabilité d'agents israéliens a déjà été évoquée à demi-mot par Me Courtoy lors d'une audience préliminaire.

Ça fait maintenant quelques années qu'il brûle de pouvoir dire sa vérité

Me Sébastien Courtoy, avocat de Mehdi Nemmouche

Pour cet avocat réputé provocateur, qui a dans le passé défendu en Belgique le polémiste français Dieudonné, plusieurs fois condamné en France pour injure raciale, incitation à la haine et apologie du terrorisme, Mehdi Nemmouche aurait été "sélectionné" pour commettre ce qu'il a qualifié de "pseudo-attentat" et il s'en expliquera. "Ça fait maintenant quelques années qu'il brûle de pouvoir dire sa vérité", a assuré Me Courtoy devant des journalistes lundi après la sélection du jury.