Tuerie de Flavin : messe noire et ésotérisme au cœur d'un triple meurtre

Lundi 14 février 2000, en milieu de matinée, Patrice Moulinier, 41 ans, rentre chez lui à Flavin, petite commune de l'Aveyron. Il est inquiet de ne pas avoir de nouvelles de sa famille. À 11h50, il stoppe son véhicule devant le numéro 2 de la rue Saint-Pierre à Flavin. Il franchit le seuil. Le rez-de-chaussée est désert et silencieux. 

Tout est bien rangé. Le mari appelle, mais personne ne répond. Dans une chambre, un spectacle terrifiant s'offre à lui. Son épouse Manuela git sur le lit, la nuque ensanglantée. Sa fille Morgane est au sol, couverte de sang. Toutes deux sont mortes. Le nourrisson de 5 semaines, Martin, a disparu.

On questionne Patrice sur ses connaissances dans la région, en France et en Espagne, d'où était originaire son épouse. Un nom attire l'attention des enquêteurs : Jean-Marie Von Matt, qui vit désormais aux États-Unis. Autrefois, Moulinier avait été l'amant de Simone, la femme de Von Matt, et ils avaient même formé un ménage à trois avant de perdre contact.

Une personnalité irrationnel

Trois semaines auparavant, Von Matt l'a appelé en pleurs pour annoncer la mort de son épouse, Simone. Von Matt a ensuite tenu des propos incompréhensibles. "Il m'a dit qu'il fallait que je libère l'âme de sa femme. Elle avait fait le serment qu’elle me retrouverait après sa mort, il fallait que je la dégage de ce serment", indique Patrice Moulinier.

Damien Delseny, chef du service police justice au Parisien/Aujourd'hui-en-France, explique :"Sa femme a fait un AVC. Elle est restée dans le coma pendant quelque temps avant de mourir. Tout cela a été pour lui la bascule vers quelque chose d'encore plus irrationnel que ne l'étaient déjà sa personnalité et sa vie."

Rituel macabre dans une forêt

À Flavin, les enquêteurs interrogent des témoins. Un groupe d’adolescents se souvient d'un homme dans une berline noire cherchant la rue Saint-Pierre le matin des crimes. Ils se moquent de son fort accent. La voiture portait une plaque étrangère. Les témoins reconnaissent Von Matt sur une photo.

Le 25 février 2000, Patrice Moulinier s'exprime dans Le Parisien, espérant que son bébé Martin soit en vie. Les gendarmes, plus pessimistes, continuent à enquêter sur Von Matt. Ils examinent l'Opel Vectra louée par Von Matt et y trouvent une douille de 22 long rifle et une éclaboussure de sang, identifiée comme celle de Martin.

Les enquêteurs pensent que le corps est peut-être enterré au château de Campagnac. Ils perquisitionnent la bâtisse et trouvent dans le bois les traces d'un foyer, des boucles de sac, une douille et des cendres. "Le foyer était parsemé de gros sel, on a pensé à une messe noire", dira un enquêteur. Le bébé aurait été incinéré là.

La mort mise en scène

Ils se rendent à Miami Beach pour interroger Von Matt, vivant dans un luxueux appartement. Le 14 mars, un mois après la tuerie, ils apprennent que Von Matt s'est suicidé deux jours plus tôt.

L'ex-châtelain s'est donné la mort vêtu de noir, entouré de photos de Simone. Des messages comme "Il faut que ton esprit revienne avec moi" tapissent la chambre. Von Matt aurait tué les deux femmes et le bébé sous l'influence de Simone.

Géry Plane, ancien lieutenant-colonel du groupement de l’Aveyron se souvient de la répercussion de l'enquête sur le lieu. "La population de Flavin a été profondément marquée. Le soir même du crime, je suis passé en voiture dans le village. Je peux vous dire qu'il n'y avait personne dans les rues, tout les volets étaient fermés, pas une lumière, etc. Il y a eu un gros traumatisme dans ce village." 

Les invités de "L'Heure du crime"

- Damien Delseny, rédacteur en chef adjoint au Parisien/Aujourd'hui-en-France et chef du service police justice.

 
- Géry Plane, ancien lieutenant-colonel du groupement de l’Aveyron. 

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