Seaade Besbiss est l'auteure de Je voulais juste être gendarme qui sort aux éditions Fayard. La jeune femme y raconte son rêve de petite fille devenu cauchemar à cause du harcèlement moral dont elle a été victime.
Quand sa famille a été défendue par la gendarmerie face aux néo-nazies qui faisaient régner la terreur dans son petit village d'Alsace, la jeune femme, alors jeune fille a trouvé sa vocation. Elle a voulu intégrer cette troupe de "gens bien qui essaient d'arrêter des gens mauvais qui font des délits". Sans Bac, elle s'inscrit après un divorce dans une école pour passer le concours de gendarme adjoint et obtient un contrat de 5 ans. Un contrat durant lequel elle va être harcelée moralement. "Je n'ai toujours pas compris pourquoi on me reprochait des choses sur mon état de femme alors qu'au travail je donnais satisfaction. Déjà à l'école, il y a beaucoup de sexisme, des blagues graveleuses que j'ai laissées passer parce que je me suis dit je suis enfin dans mon rêve (...) Donc à ce moment-là, je me tais."
Lors de sa première affectation en Haute-Marne, les choses ne s'arrangent pas. Son supérieur la convoque pour lui dire qu'il ne lui resignera pas de contrat et qu'elle sera radiée. "Il me dit : 'vous êtes trop féminine, il y a des gens mariés ici, vous ne vous rendez pas compte' (...) Il aurait trouvé, je pense, autre chose, mais c'était son excuse."
Par le biais de la plateforme "stop discri", Seaade Besbiss saisit l'inspection générale de la gendarmerie. L'enquête finira par pointer du doigt "une propension à l'affabulation et à la mise en scène chez la plaignante". "Ils m'ont auditionnée, ils ont dédramatisé ce qu'a fait mon supérieur", raconte Seaade Besbiss qui a vu un jour l'homme rentrer dans son appartement de fonction sans son autorisation. Pour l'inspection générale, c'est un geste "maladroit". "Ils m'ont dit : 'de toute manière, si vous étiez moins féminine tout ceci ne vous serait pas arrivé'."
Face à cela, les autres collègues, notamment les femmes, sont restés, au mieux, muets.Pour autant Seaade Besbiss n'a pas abandonné son rêve et prépare les écrits du concours de sous-officier. "C'est mon rêve, ce n'est pas parce qu'on essaie de me mettre des bâtons dans les roues que je vais arrêter. À la base je ne remets pas en cause l'institution de la gendarmerie, c'est une belle institution. Je mets en cause l'individu qui porte l'uniforme et qui, de par son comportement délictuel, salit cet uniforme."