Après avoir mené une enquête sur le Maroc, deux journalistes français ont été arrêtés jeudi 27 août à Paris et placés en garde à vue. Ils sont soupçonnés d'avoir tenté de faire chanter le roi du Maroc, Mohammed VI, en proposant la non-publication de leur livre, en échange de trois millions d'euros.
Ainsi Éric Laurent et Catherine Graciet ont déjà écrit un livre accusateur contre
Mohammed VI en 2012, Le roi prédateur. L'affaire a duré plusieurs mois. Le 23
juillet à Paris, Éric Laurent contacte le cabinet du roi du Maroc et leur annonce
qu'il va publier un livre à charge. C'est alors qu'il sollicite un rendez-vous
qui aura lieu le 11 août.
Au cours de ce face-à-face avec un avocat marocain, le
journaliste aurait réclamé trois
millions d'euros au représentant
du Roi pour annuler la publication du livre. C'est ce que soutient le
Maroc. Une plainte est alors immédiatement déposée auprès du procureur de
Paris.
Âgé de 68 ans, Éric Laurent a écrit de nombreux livres
d'enquête comme La Face cachée du pétrole, sorti en 2006, Bush l'Iran et la
bombe en 2007. Son dernier livre Aux banques les milliards, à nous la crise, était
prévu pour le 9 septembre prochain.
Catherine Graciet est une journaliste spécialiste du
Maghreb. Elle a travaillé au Maroc pour le Journal Hebdomadaire. Elle est aussi l'auteure de plusieurs livres dont Sarkozy-Kadhafi, histoire secrète d'une trahison sorti en 2003. Le journaliste Nicolas Beau a confié à l'AFP être
"sous le choc" : "Je savais que Catherine avait ce projet de
livre. Si les faits sont avérés c'est très surprenant de la part de Catherine.
Elle n'a pas le profil pour ce type de délit".
Les deux journalistes ne reconnaissent pas la tentative d'extorsion de fonds. Interrogés séparément, ils estiment qu'ils sont tombés dans un piège et qu'ils sont victimes d'une machination montée par le Maroc. L'avocat de la journaliste, Maître Moutet, parle de "coup monté". Reste que l'enquête ouverte mi-août par le parquet de Paris après la plainte du Maroc, apparaît accablante : surveillances policières, photographies, enregistrements... jusqu'à ce rendez-vous dans un restaurant parisien.
Éric Laurent aurait accepté une enveloppe de 80.000 euros, acompte des deux millions qu'il devait finalement se partager avec sa consœur en échange d'une non publication. La preuve du chantage pour Maître Dupont Moretti, avocat du Maroc. L'ambassadeur du Maroc en France dénonce des pratiques "odieuses, abjectes et criminelles".
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