Michel Cardon, l'un des plus vieux détenus de France, va sortir de prison après y avoir passé plus de 40 ans. Le tribunal d'application des peines d'Arras a décidé de sa libération conditionnelle, avec période probatoire, vendredi 30 mars, a annoncé son avocat Me Éric Morain.
L'homme de 67 ans, souvent surnommé l'"oublié" des prisons, est incarcéré depuis 1977. Cette année-là, au mois d'octobre, lui et son complice Jean-Yves Defosse, décédé depuis, entrent par effraction dans un pavillon à Amiens. Le cambriolage tourne mal, et ils tuent le retraité de 64 ans qui y vit.
Lors de leur procès aux assises, ils échappent de peu à la peine de mort requise par le procureur général, grâce à leur avocat commis d'office Me Jean Bouly. Ils sont condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité pour meurtre.
À l'audience, on dresse le portrait d'un homme à l'enfance mouvementée, raconte La Croix. Lui et ses quatre frères et sœurs sont retirés à leurs parents lorsque Michel Cardon a 8 ans. Il enchaîne les nourrices et les foyers, jusqu'à sa majorité. Décrit comme "inculte, sachant à peine lire et écrire" dans les procès verbaux, il vit de petits boulots.
Après sa condamnation, ses proches s'éloignent. Michel Cardon s'isole et ne recevra aucune visite au parloir. Son seul ami est un détenu incarcéré avec lui de 2008 à 2015 à la prison de Bapaume (Pas-de-Calais). " Je ne sais pas trop pourquoi il a baissé les bras car il avait son caractère, mais il a été cassé par toutes ces années", explique-t-il à La Croix. "Il ne parlait pas beaucoup."
Quand il est libéré en 2016, il est la première personne à venir visiter Michel Cardon en prison. Son premier parloir, après 38 ans derrière les barreaux. C'est cet ami qui alerte le journal local La Voix du Nord, qui consacre un long papier à l'histoire de Michel Cardon à l'été 2016.
À Paris, l'avocat Me Éric Morain lit cet article. Touché par l'histoire de ce détenu oublié, il le rencontre et entreprend les démarches pour le faire sortir de prison. Sans réponse, il demande au président Emmanuel Macron de gracier Michel Caron le 12 février dernier.
Selon Me Morain, il aurait pu depuis de nombreuses années demander une libération conditionnelle. En France, une condamnation à perpétuité permet en effet de demander une libération anticipée dès la fin de la peine de sûreté. Jusqu'à présent, les quelques demandes de remises en liberté formulées par Michel Caron avaient toujours été rejetées. Les experts trouvaient le risque de récidive trop élevé.
Après l'examen de la dernière demande de libération conditionnelle le 15 mars, le procureur d'Arras avait déclaré que "compte tenu de l'état de dégradation physique de Michel Cardon, nous avons estimé, du point de vue du parquet, que le risque de réitération apparaissait désormais limité".
Enfin libre, Michel Caron va être placé dans un centre d'hébergement et de réinsertion du Val-d'Oise dès le 1er juin 2018. Il aura passé plus de 40 ans derrière les barreaux.
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