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"N'importe quelle personne peut se promener seule" : comment Orléans a réussi à endiguer la délinquance des mineurs

Grâce à plusieurs dispositifs éducatifs pour la jeunesse, la commune a connu une baisse de 80% d'actes de délinquance de proximité en 25 ans.

Un commissariat de police (Illustration).

Crédit : JACQUES DEMARTHON / AFP

Comment Orléans a réussi à endiguer la délinquance des mineurs

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Christian Panvert - édité par Gabriel Joly

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Des résultats frappants. Depuis 2001, la délinquance de proximité, celle qui va des vols avec violence aux actes de vandalisme en passant par les cambriolages et les vols à main armée, a chuté de plus de 80% à Orléans (Loiret).

La sécurité en uniforme a été renforcée dans cette ville qui dispose de la "première brigade cynophile de France" avec 20 maîtres-chiens, mais également de 200 agents dédiés à la sécurité et de 270 caméras de voie publique. Mais, en parallèle, la prévention du côté des mineurs a été développée avec plusieurs dispositifs mis en place.

En premier lieu, on retrouve le dispositif "Passerelle", qui concerne les collégiens exclus de leurs établissements. Pour la mairie, hors de question qu’ils soient livrés à eux-mêmes dans la rue. Alors, ils sont pris en charge dans un centre d’animation social. "Dans mon collège, j'ai été amené à me bagarrer. J'ai été exclu et maintenant j'espère, ici, découvrir de nouvelles choses", y explique Ibrahim, 12 ans, qui participe à un cours de boxe éducative dans une petite salle aux murs blancs une fille et deux autres garçons.

Le jeune adolescent a surtout appris à se maitriser et se discipliner dans ces lieux. "Ça fait deux ans que je crée mon manga. Mes deux objectifs dans la vie : être un des plus jeunes mangakas au monde et un des rares mangakas noirs. Je le ferai pour eux parce que tout ce qu'ils ont fait, c’est pour m'aider. Je les remercie", ajoute-t-il, révélant une confidence faite à des éducateurs sur place. Ibrahim travaille actuellement avec un auteur professionnel de mangas et est accompagné par des psychologues, des sophrologues et des art-thérapeutes.

Le nombre de dépôts de plaintes divisé par 20 dans un quartier

Autre dispositif : les chantiers éducatifs, façon BTP. Jean-Christophe encadre quatre jeunes de 16 à 18 ans, tous déscolarisés. "On a à charge de reprendre le soubassement qui a été très abîmé. Puis, on va aussi faire les marches avec les jeunes", explique cet animateur.

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"Ce qu'on fait ça aide, ça fait classe. C'est important d'être là, de rénover les bâtiments où on habite. En plus on gagne de l'argent, on ne perd pas son temps", se réjouissent les adolescents. Certains auraient pu être tentés par l’argent facile des trafics. Au contraire, ils vont maintenant postuler dans le secteur du bâtiment où la demande de main d’œuvre est forte.

En d'autres termes, l’action sociale repose beaucoup sur la médiation à Orléans. Sur place, 24 agents dédiés sont sur le terrain. Et, c’est unique en France : une centaine de "parents-relais" sont également présents, à l'image de Marie-Chantal Foulon. "Nous sommes là quand il y a des conflits entre voisins et entre jeunes. Nous essayons avec eux de trouver une solution à leurs conflits", explique-t-elle.

Payés à la vacation, ils sont formés pour être des intermédiaires entre les habitants et les trois maisons de la réussite qui rassemblent l’ensemble des dispositifs en faveur des familles.

Ces initiatives portent leurs fruits d'après le bilan dressé par Florent Montillot, chargé de la Sécurité et de la tranquillité publiques. "Très concrètement, ici par exemple au cœur du quartier de la Source, c'était un endroit où ni la police, ni les pompiers, ni les médecins, ni les infirmières ne pouvaient rentrer. Quand les policiers arrivaient, c'était en convoi. Aujourd'hui, n'importe quelle personne peut se promener seule. Il faut savoir qu'en 2001, il n’y avait pas loin de 2.000 dépôts de plaintes pour ce seul quartier de 20000 habitants, enregistrées par la police nationale. En 2024, on était à une centaine", détaille celui qui a mis en place tous ces dispositifs, il y a 25 ans.

Mais tout cela a un coût : le budget de la prévention représente 7 millions d’euros, soit autant que celui de la police municipale.

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