Ils sont peu nombreux mais à leur façon, ils sont devenus des porte-paroles de la justice et de la police. "Juge Marie", juge des enfants quelque part en France, raconte depuis 2010 "des instantanés d'audiences" pour mettre en lumière "la justice des mineurs, peu et mal connue".
On imagine que la fonction de juge des enfants est attendrissante
"Juge Marie"
Selon elle, "on imagine que la fonction de juge des enfants est attendrissante, qu'on la confie ainsi facilement et légèrement à des jeunes femmes sortant de l'école alors que ce n'est pas le monde des Bisounours et que cela reste l'une des expériences humaines les plus difficiles". A ses yeux, parler de son métier est fondamental : "Si on n'est pas compris, on est mal reçus".
Initialement, elle voulait suivre les autres et participer aux discussions. Aujourd'hui, elle souligne que le réseau qui s'est créé permet d'échanger entre magistrats, avocats, experts, journalistes ou citoyens bien plus que par les discussions institutionnelles ou par l'intermédiaire des réseaux qui existent déjà, entre juges spécialisés ou entre syndiqués.
Sur une problématique, "on échange, on s'apporte des éléments, ça ouvre les yeux". Chacun parle de ses contraintes, à l'occasion d'une audience, d'un incident dans un dossier, une "perle" dans un procès verbal ou plus généralement d'un événement qui provoque le débat dans le monde du droit.
Japtwitt ou Dadouche sont parmi les magistrats les plus suivis sur Twitter. Quelques-uns - y compris le président d'un tribunal de grande instance - twittent bien sous leur véritable identité. Mais c'est une exception, la règle numéro un étant de rester anonyme. Beaucoup des juges et parquetiers présents n'ont jamais songé à s'inscrire sous leur propre nom.
Les règles, c'est l'anonymat, la protection des affaires, le respect des justiciables et du public
"Dadouche"
"Les règles, c'est l'anonymat, la protection des affaires, le respect des justiciables et du public, résume Dadouche. Et de ne jamais écrire sur Twitter autre chose que ce que j'aurais ou exprimer publiquement". Dadouche ajoute cette remarque quant au secret des affaires judiciaires : "Chacun doit respecter ses limites professionnelles mais comme magistrats, notre problématique est proche de celle des médecins : le secret médical existe mais il n'empêche pas d'évoquer des cas qui intéressent tout le monde".
L'obligation de rester anonyme est également chevillée au corps des policiers inscrits sur Twitter. L'un d'entre eux, très suivi sur Twitter, nous précise "parler de dossiers, de filatures, de contraintes, oui. Mais jamais sans aucun élément d'identification de nom, de temps, ou de notion géographique". Par ailleurs, dit-il, "on sait bien qu'on a une obligation de réserve et on ne peut pas écrire tout et n'importe quoi".
Officiellement, être inscrit sur Twitter en précisant sa qualité de policier ou de juge n'est pas interdit. Mais le ministère de l'Intérieur assume : il surveille. Selon le porte-parole de la direction générale de la police nationale, le commandant Franck Dehay, plusieurs procédures sont en cours contre des fonctionnaires qui avaient clairement exprimé des opinions politiques.
Mot d'ordre : la prudence, officiellement
pour protéger les policiers eux-mêmes. "Nous nous sommes rendus compte que
des fonctionnaires diffusaient sur les réseaux les photos de leurs enfants ou
des éléments sur la localisation de leur domicile. Il s'agit simplement de
faire comprendre les dangers potentiels pour leurs familles et aussi pour
l'institution".
Des formations sont proposées par la direction générale de
la police nationale. La préfecture de police de Paris a publié à la fin de
l'année dernière un guide sur "les bonnes pratiques des réseaux
sociaux" et cinq comptes Twitter officiels de la police ont été créés de
façon expérimentale (notamment à Nantes et à Strasbourg).
Défendre aux fonctionnaires d'aller sur Twitter au nom
d'un hypothétique risque pour l'institution ? Côté justice, le conseil
supérieur de la magistrature semble lui aussi sur cette ligne dure. "L'usage des réseaux sociaux, y compris sous
pseudo, n'affranchit pas le magistrat de ses obligations", a-t-il écrit la
semaine dernière dans un jugement disciplinaire visant l'un des deux magistrats
dans l'affaire des "tweets de Mont-de-Marsan".
Le conseil supérieur de la
magistrature doit, dans son rapport 2014, répéter des conseils de prudence voire
de réserve. Les plus rétifs aux réseaux sociaux et à l'expression directe
des magistrats au sein de la justice ne manquent pas de souligner que, outre-Manche, "les détenteurs d'une
fonction judiciaire qui bloguent (...) ne doivent pas s'identifier comme
membres du système judiciaire" et que "les contrevenants s'exposent à
une sanction disciplinaire et à devoir supprimer de façon rétroactive tout
contenu publié sur Internet qui ne respecterait pas ces règles". Cet
exemple britannique figurait déjà dans le dernier rapport d'activité du CSM.
Dadouche affirme cependant ne pas avoir "l'impression d'une chasse aux sorcières". Tous, sur Twitter, défendent
leur liberté d'expression et un certain contact - nouveau, direct - avec le
citoyen.
Le fonctionnaire de police inscrit sur Twitter avec le sobriquet Simone Duchmole résume tout : "Je ne
suis le porte-parole de personne (...) mais mes interventions ont souvent pour
objet la défense de cette institution".
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