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Près de 3.000 personnes ont défilé dimanche à Ranchevoux, hameau de Bas-en-Basset (Haute-Loire) en hommage aux trois jeunes tués samedi dans une explosion
Crédit : AFP
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"La piste principale pour le parquet est celle de jeunes gens qui ont été victimes d'un jeu imbécile, conseillés par des gens irresponsables". Dimanche, Yves Dubuy, vice-procureur de la République du Puy-en-Velay, ne mâchait pas ses mots. Selon lui, les trois adolescents tués samedi - un quatrième est toujours grièvement blessé - dans une explosion de produits chimiques dans une bâtisse abandonnée de Bas-en-Basset, à 40 km de Saint-Etienne, en Haute-Loire, ont fais les frais de l'influence d'internet. Selon les premiers éléments de l'enquête, le groupe de jeunes âgés de 14 à 16 ans préparait un fumigène artisanal en vue d'une partie d'Airsoft, une simulation de guerre avec des armes factices. Sur les lieux du drame, les enquêteurs ont retrouvé un mélange chimique hautement explosif permettant de recréer les effets des fumigènes, couramment utilisés par les pratiquants de ce jeu de guerre grandeur nature.
Né au Japon après la Seconde guerre mondiale, l'Airsoft est arrivé en France dans les années 1980. Il séduirait désormais près de 40.000 adeptes. Ouvert aux mineurs, il est encadré par une Fédération française, mais seulement 3.000 personnes possèdent une licence au sein d'un club. Le jeu met aux prises deux équipes qui utilisent des répliques d'armes à feu - du pistolet à la kalachnikov et au lance-grenade - propulsant des billes en plastique de 6 ou 8 mm. En tenue de camouflage, les joueurs doivent éliminer les membres de l'équipe adverse en les touchant par billes ou remplir divers objectifs.
Tout se rapproche de l'univers de la guerre. Les parties s'inspirent des conflits militaires du moment, Américains contre Talibans, prises d'otages... Les scénarios sont infinis et parfois pimentés de fumigènes. "On a des parties, par exemple, où un otage est libéré avec un hélicoptère qui doit venir le chercher. Bien entendu, c'est simplement imaginé. Pour rappeler cet hélicoptère, on va mettre un fumigène qui va symboliser la fin de la partie", explique le vice-président de la Fédération française d'Airsoft, Bruno Marius.
"Imbécile, irresponsable", les mots du magistrat passent mal auprès des adeptes de ce jeu, cousin du Paintball. Le vice-président de la Fédération française refuse l'amalgame. "On est clairement dans une pratique qui sort du cadre de l'Airsoft. Il s'agit de mineurs, déplore-t-il. L'Airsoft est très clairement réglementé à ce niveau-là. Ils n'auraient jamais dû se retrouver sans accompagnateur. Là, il y avait des gros problèmes d'encadrement. On sait très bien qu'il y a toujours une poignée d'irréductibles qui refusent de réfléchir et font pâtir tous les autres. Mais il ne faut pas mettre tous les airsofters dans le même sac. C'est une pratique responsable, encadrée et raisonnable", assure-t-il.
Il existe de nombreuses vidéos de démonstration sur internet, où l'on trouve aussi facilement des sites expliquant comment fabriquer ses propres fumigènes, dans lesquelles des apprentis chimistes font tout un tas de mélanges dans des tubes de colles ou des balles de tennis. Le résultat est impressionnant, mais ces recettes sont dangereuses. Elles nécessitent de manipuler des produits comme de l'acide chlorhydrique ou de l'acétone, dont le mélange est instable et peut provoquer des explosions. Mais elles tentent malgré tout certains airsofters, attirés par la perspective de faire durer leurs parties plus longtemps.
Le vice-procureur de la République vise clairement les promoteurs de ce loisir sur internet. "Nous savons maintenant de façon très probable que ces enfants étaient adeptes de l'Airsoft, qui est une pratique qui consiste à utiliser des armes à profil militaire, classées en catégorie D, dont l'achat est parfaitement libre, pour simuler des jeux de guerre, a indiqué Yves Dubuy. Malheureusement, on conseille sur internet aux pratiquants de ce loisir de pimenter ces jeux de guerre au moyen de recettes, de concoctions pyrotechniques ou fumigènes de manière à obtenir en plus de la situation de jeux de la fumée et des explosions".
L'ex-ministre Xavier Bertrand (Les Républicains) a estimé lundi que "ceux qui ont incité" au drame de la Haute-Loire devraient "répondre de leurs actes", mettant en avant "la question d'internet". "Interdire, empêcher ? Tout le monde aimerait bien, mais c'est surtout mettre en garde contre les dangers possibles", a-t-il estimé.
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