"Je trouve ça affligeant." La grâce totale accordée par François Hollande à Jacqueline Sauvage, mercredi 28 décembre, n'est pas du goût de tous, et surtout pas du goût de Virginie Duval, présidente de l'Union syndicale de la Magistrature (USM). "Ce n'est pas un bon signal pour toute la justice et pour tous les gens qui sont concernés par les décisions de justice", estime-t-elle. Pour certains magistrats, le chef de l'État vient de piétiner la promesse électorale qu'il avait faite en 2012 de respecter l'indépendance de la justice.
D'un côté, la magistrature, qui campait sur sa position, refusant de voir Jacqueline Sauvage, incarcérée pour le meurtre de son mari, libérée. De l'autre, l'opinion publique, émue par l'histoire d'une femme battue, des décennies durant, par celui qu'elle a fini par tuer. "On cède devant l'opinion publique, s'inquiète Virginie Duval. Le fait que Madame Jacqueline Sauvage ait pu subir des choses inadmissible était déjà pris en compte au moment où des jurés populaires ont pris des décisions dans la cour d'assises. Là, alors que des jurés populaires, des cours d'assises, des magistrats, des experts, avaient pris des décisions en ayant connaissance de toute la situation, on a une décision prise sous le coup de l'émotion, avec les pressions de l'opinion publique", regrette Virginie Duval. Une pétition pour la libération de Jacqueline Sauvage avait recueilli 430.000 signatures.
Âgée de 69 ans, Jacqueline Sauvage s'est vue attribuer, mercredi 28 décembre, une grâce présidentielle totale alors que, jusqu'ici, la justice n'avait pas dévié. En 2014, les jurés populaires n'avaient pas retenu la légitime défense : elle avait écopé de 10 ans de prison dans l'indifférence générale, peine confirmée en appel par une autre cour d'assises. Depuis, Jacqueline Sauvage est devenue un symbole pour toutes les femmes battues.
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