Gabriel Matzneff accusé une nouvelle fois de viol sur mineure, une enquête ouverte

Une femme âgée d'une cinquantaine d'années accuse l'écrivain de l'avoir violée pendant son enfance.

Gabriel Matzneff en 2014 (illustration)

Crédit : Jacques DEMARTHON / AFP

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Une femme d'une cinquantaine d'années accuse l'écrivain Gabriel Matzneff de l'avoir violée de ses 4 à 13 ans. Elle a demandé début octobre au parquet de Paris de l'auditionner. Elle souhaite notamment alerter sur d'autres enfants victimes, selon elle, de l'écrivain. Pour préserver son anonymat, nous l'appellerons ici Bérénice, nom choisi par nos confrères de RMC qui ont rencontré la plaignante et révélé l'affaire ce matin.

Une enquête pour viols sur mineur vise déjà Gabriel Matzneff. Le parquet de Paris l'avait ouverte début 2020, suite à la publication du livre Le Consentement de Vanessa Springora, où l'autrice décrit une relation sous emprise lorsqu'elle avait quatorze ans. Ces investigations devraient s'achever par un classement sans suite selon l'AFP et une source proche du dossier, les faits étant prescrits.

Les avocats de Bérénice, Rodolphe Costantino et Marie Grimaud, ont écrit au parquet le 10 octobre au parquet pour demander que leur cliente soit entendue dans le cadre de l'enquête en cours, puisse fournir de nouveaux éléments contre l'homme et porter plainte. Le parquet n'avait pas répondu aux avocats jusqu'à une déclaration aujourd'hui en fin de journée.

Ouverture d'une nouvelle enquête

Plutôt que de l'entendre dans le cadre de la première enquête déjà ouverte, le ministère public a expliqué jeudi avoir lancé une nouvelle enquête ce 23 octobre, confiée à l'Office des mineurs. "La requérante sera donc entendue, afin de pouvoir préciser les faits reprochés", a indiqué jeudi le parquet. Les investigations porteront aussi "sur les délais de prescription au regard de leur ancienneté", les faits reprochés remontant à "plusieurs décennies", a précisé le parquet.

Selon le courrier des avocats, révélé par RMC et dont l'AFP a eu connaissance, Bérénice a pu, suite à l'installation de ses parents adoptifs en Ehpad en septembre 2020, retrouver de nombreux documents "dissimulés" à leur domicile, dont des correspondances entre le père adoptif et Gabriel Matzneff.

Leur "découverte (…) l'a autorisée à mettre en mots des souvenirs et des vécus traumatiques jusque-là silencieusement bruyants", expliquent ses avocats. Bérénice a engagé "un dialogue avec son père adoptif", aujourd'hui décédé. L'homme était un "ami intime" de Matzneff. Dans leurs échanges enregistrés, son père "témoigne et confesse de faits dont lui-même et certains de ses amis, dont Gabriel Matzneff, ont été les auteurs", affirme le courrier.

Son père adoptif "complice"

Bérénice accuse son père adoptif, qui était à l'époque médecin, d'avoir été "complice" en la droguant avant d'être violée par Gabriel Matzneff, et de l'avoir lui-même violée, selon Me Costantino. "Ce sont des éléments corroborés par son frère aîné" dans un courrier déclaratif, souligne l'avocat.

Par ailleurs, une lettre consultée par l'AFP tisse un lien entre la famille Springora et celle de Bérénice. En juillet 1986, la mère de Vanessa Springora écrivait au père adoptif de Bérénice pour qu'il examine sa fille en sa qualité de médecin.

Les viols dénoncés par Bérénice auraient été commis à Paris, au domicile familial où Matzneff était "très régulièrement reçu", mais aussi dans un appartement rue de Varenne et dans une chambre de l'hôtel Pont Royal, dans le 7e arrondissement. Selon le courrier des avocats, les faits auraient eu lieu dans un contexte de "cercles mondains et d'influence, au sein desquels quelques-uns de leurs membres partageaient une certaine idée de la pédophilie voire même en partageaient une certaine pratique". Contacté par l'AFP, Me Emmanuel Pierrat, avocat de l'écrivain aujourd'hui âgé de 87 ans, n'a pas souhaité commenter.

Si les faits reprochés seraient a priori prescrits, Bérénice a aussi été "le témoin oculaire d'exactions sexuelles, de viols commis par Gabriel Matzneff et d'autres sur trois enfants" et dont la prescription n'est pas encore établie, affirme à l'AFP Me Costantino. Bérénice s'inquiète également que des enfants puissent encore être aujourd'hui "en contact" avec Gabriel Matzneff.

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