Les supporters anglais sont-ils les seuls responsables des incidents qui ont eu lieu à la Lille, dans la soirée de mercredi 15 juin en marge de l'Euro 2016 ? Pendant qu'une bonne partie de la France avait la tête au match des Bleus contre l'Albanie à Marseille, des heurts ont éclaté à Lille entre les forces de l'ordre et environ 200 fans anglais fortement alcoolisés pour la plupart. Face à l'agitation, les CRS n'ont pas hésité à déclencher des charges et tirer des gaz lacrymogènes. Si la gravité des incidents était sans commune mesure avec les affrontements du 11 juin à Marseille, la soirée a tout de même été marquée par une brève rixe, faisant deux blessés, entre hooligans anglais et russes. Cependant, plusieurs Britanniques et témoins sur place remettent en cause l'action de la police, jugée disproportionnée.
Au micro de RTL, deux fans anglais se sont indignés face à cet usage de la force. "Pourquoi la police française est-elle si agressive et excite les supporters ? Je ne comprends pas. Il n'y a pas de violences. Tout le monde passe du bon temps. Pourquoi sortent-ils les bâtons ?", s'interrogent ces supporters qui ne sont pas les seuls à être dubitatifs. "On a chanté, nous étions calmes toute la journée et là, ça déborde", a déclaré Tim, interrogé par l'AFP. Un avis partagé par Jason, cité quant à lui par Francetv Info : "Les policiers ont surréagi. Nous n'avons rien fait de mal, nous chantions. Nous n'étions pas en train de nous battre. Même si nous étions beaucoup, c'est normal pour nous de chanter dans la rue".
Pour éviter les scènes de guérilla urbaine vues sur le Vieux-Port, 3.900 agents sur place avaient été dépêchés. Un dispositif en adéquation avec la programmation rapprochée de deux matches à risques : Russie-Slovaquie (0-2) mercredi à Lille, suivi de Angleterre-Pays de Galles (2-1) le lendemain à Lens. Les fonctionnaires avaient ainsi décidé de suivre au plus près les fans des Three Lions, tout au long de la journée.
Mais c'est semble-t-il cette manière de faire qui semble avoir suscité l'agacement des supporters, pourtant habitués à être bruyants au contact de policiers britanniques lors de rencontres du championnat d'Angleterre. D'après nos constatations et celles d'un correspondant de Sky News, les Anglais qui déambulaient dans les rues n'avaient pas directement provoqué les forces de l'ordre lorsque ces derniers ont décidé de mettre un terme aux festivités.
Au sein de la police, le syndicat Alliance assure néanmoins que l'usage de la force répond à des agressions commises par un petit groupe de personnes. "Si la police charge, c'est qu'elle a eu un ordre et que c'est prévu au règlement", affirme le secrétaire régional adjoint Arnaud Boutelier, contacté par RTL.fr. Il assure par la même occasion que des "jets de projectiles" ont été essuyés par les policiers et que les tirs de grenades lacrymogènes ne sont donc pas le fruit "d'initiatives" dérogeant à la déontologie. Au total, à Lille, 36 interpellations ont été effectuées.
Reste que des critiques plus globales se font entendre sur la manière dont la police gère les groupes de supporters. "D'après les images, il est difficile de discerner une stratégie efficace derrière la tactique de dispersion aveugle de la police française", déplore Geoff Pearson, spécialiste britannique du hooliganisme, dans un tweet. C'est déjà lui qui, au début des heurts à Marseille, s'était interrogé dans The Guardian sur les méthodes employées. "Mon conseil à la police française (...) est d'interagir positivement avec les supporters. La première interaction ne doit pas se faire au gaz lacrymogène ou en levant le bâton", expliquait ce maître de conférences à l'université de Manchester.
Les Anglais ne sont pas les seuls à s'interroger. Die Zeit a relayé les propos de l'ancien patron de la sécurité de la fédération allemande de football qui émet aussi de sérieuses réserves. "Il est effrayant que les Français aient des standards datant d'il y a quinze ans dans le traitement des problèmes de supporters".
Les forces de l'ordre, dont les effectifs sont soumis à rude épreuve depuis l'instauration de l'état d'urgence, souffrent-elles d'un manque de préparation, comme l'ont suggéré d'autres experts du hooliganisme ? Les policiers s'en défendent. Sans manquer de rappeler que le contexte actuel (manifestations à répétition, menace terroriste élevée) fait qu'il est "très compliqué d'assumer la sécurité sur le territoire", le syndicat Alliance assure que "la police est préparée". "On fait partie d'une des meilleures polices européennes. Ce sont les individus qui amènent les débordements", estime Arnaud Boutelier.
Dans un entretien à So Foot, un délégué des CRS abondait en ce sens : "Pour ce qui est de nos forces, ça fait plusieurs mois que nos compagnies se préparent, et même une année complète qu’on s’entraîne dans les stades, qu’on fait des formations, qu’on envisage toutes les situations. Il faut savoir par exemple qu’on a l’habitude de gérer les mouvements de foule".
Pour Alliance, le vrai problème à pointer doit être celui des supporters violents. "Il est anormal de mettre autant de moyens pour assurer la sécurité de matches", remarque le syndicat. Arnaud Boutelier estime ainsi qu'il faut plutôt penser à "travailler en amont" sur cette problématique, plutôt que de s'en prendre à la police "qui fait ce qu'elle peut avec ses moyens".
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