ENQUÊTE RTL - #MeToo : Yohan Manca, l'ex de Judith Chemla, livre son "droit de réponse"

"Je sais qu'il est très périlleux de prendre la parole dans un contexte où, lorsqu'on essaie de rétablir sa vérité ou de défendre ses droits fondamentaux, on se voit aussitôt accusé de nier la parole de toutes les femmes, de s'apitoyer sur son sort et d'être l'ennemi du combat nécessaire contre les violences faites aux femmes." C'est ainsi que commence le post Instagram de Yohan Manca, jeune réalisateur de 34 ans, publié ce week-end en réaction à un article publié dans La Tribune Dimanche. 

C'est la première prise de parole en public de l'ex-compagnon de Judith Chemla, depuis sa condamnation le 12 mai 2022 à 8 mois d'emprisonnement avec sursis, assortis d'une mise à l'épreuve de deux ans. Une sanction pour avoir jeté au visage de son ex-compagne enceinte son téléphone, alourdi d'une batterie intégrée. Judith Chemla avait eu ensuite trois jours d'ITT. C'était le 3 juillet 2021.

"À ce moment-là, raconte Yohan Manca à RTL, je vois les messages qu'elle échange avec un autre homme. Je deviens fou, je me dis que l'enfant qu'elle attend n'est pas de moi. Je cours sur les Champs-Élysées, je lis tous les textos. Je gueule dans le bar du théâtre du Rond-Point. Je dis à Judith qu'elle me dégoûte, je lui balance le téléphone au visage. Je regretterai ce geste toute ma vie."

Une tentative de reconquête ressentie comme du harcèlement

Le lendemain, le couple se sépare, et tout s'enchaîne. Yohan Manca est arrêté chez lui par cinq policiers, en présence de la fille du couple, âgée de 4 ans et demi. "J'avais l'impression d'être un terroriste", exagère-t-il. Cinquante-six heures de garde à vue débouchent sur une remise en liberté, sous contrôle judiciaire, avec interdiction de contact avec Judith Chemla.

Pendant quatre mois ensuite, Yohan Manca essaie de la reconquérir, Judith Chemla ressent cela comme du harcèlement. Bref, il viole son contrôle judiciaire, et est incarcéré quinze jours à la prison de La Santé, à Paris. 
Le 4 juillet 2022, Judith Chemla poste une photo de son visage tuméfié, datant d'un an donc, sur son compte Instagram. Yohan Manca y voit "une réaction à [leur] désaccord sur les vacances d'été et la garde de [leur] fille". 

Judith Chemla est interviewée sur France Inter, publie Notre silence nous a laissées seules. Au micro RTL de Nathalie Renoux, l'actrice explique avoir voulu raconter son "réveil" progressif, la progression insidieuse de la violence, pas physique, dans son quotidien.

"Il m'est arrivé dans ma vie de ne pas avoir su aimer. De m'être comporté comme un gros con, un pauvre macho merdique", concède de son côté Yohan Manca. Mais il insiste : ayant "pris conscience" de ce qu'il avait fait, et "effectué sa peine", Yohan Manca refuse de payer toute sa vie. 

Des plaintes classées sans suite

Depuis le 12 mai 2022, Judith Chemla a déposé à son encontre six plaintes et une main courante, toutes classées sans suite. La plupart étaient pour "harcèlement", mais l'une d'entre elles, la dernière, l'accusait d'agression sexuelle sur leur fille de 6 ans et demi. Dix-sept mois d'enquête durant lesquels la brigade des mineurs a tenté de prouver la dénonciation de Judith Chemla, selon laquelle Yohan Manca et son beau-père, le grand-père de leur fille, embrassaient cette dernière "sur la bouche, avec la langue". Plainte classée sans suite le 9 février 2024.

Depuis, Yohan Manca lutte pour conserver ses liens avec sa fille. "Aujourd'hui, je la vois deux heures par mois, en espace de rencontre. J'ai été innocenté de tout, et je me retrouve dans cette situation", déplore-t-il vivement auprès de RTL, assurant recevoir "énormément de témoignages de papas auxquels on a enlevé leur enfant". "Enfin, je ne vais pas devenir la figure de proue des papas désenfantés", se reprend-il. Son but est "que les gens se posent la question : est-ce que ce mec-là a le droit de donner sa version des faits ? Est-ce que ce mec-là a le droit d'être un papa aujourd'hui ?"