Disparition de Maëlys : crise ouverte entre le procureur et les gendarmes
Le procureur de Grenoble accuse la gendarmerie de fuites dans la presse, et demande l’ouverture d’une enquête. En retour, le directeur général de la gendarmerie, dénonce "des accusations péremptoires et scandaleuses".

Crise profonde dans le dossier Maëlys. Le procureur de Grenoble, Jean-Yves Coquillat, accuse la gendarmerie d’être à l’origine des nombreuses fuites dans la presse. Face à cette situation, il a décidé d’ouvrir une enquête pour "violation du secret de l’instruction". Une mise en cause qui a poussé le directeur général de la gendarmerie nationale, Richard Lizurey, à réagir personnellement : il dénonce "des accusations péremptoires et scandaleuses".
Mais le procureur de Grenoble persiste et signe dans une interview accordée à RTL. "La seule chose qui soit scandaleuse dans cette affaire, c’est les fuites permanentes. Tous les jours dans la presse il y a des éléments qui fuitent et qui peuvent nuire à l’enquête", gronde-t-il. "Les éléments communiqués, ne sont connus que des enquêteurs, de leur hiérarchie, et des juges. Que des journalistes soient avisés de ces éléments, cela ne peut être fait que par des gens qui pratiquent l’enquête ou qui sont au-dessus des enquêteurs", accuse le procureur.
La seule chose qui soit scandaleuse dans cette affaire, c’est les fuites permanentes
Jean-Yves Coquillat, le procureur de Grenoble
Et il désigne clairement ses cibles. "Ce sont les gendarmes qui ont l’enquête. Je suis obligé de déclencher une enquête dont je me serai bien passé, parce qu’une enquête dans l’enquête, ce n’est sûrement pas quelque chose qui va faciliter la résolution de cette affaire. Et j’ai très clairement le sentiment que l’affaire Grégory n’a pas servi de leçon à beaucoup de gens", se désole-t-il.
Quelles conséquences sur l’enquête ?
Une crise entre le procureur et les gendarmes qui pourrait fragiliser des investigations qui sont déjà compliquées sur le terrain. En effet, Maëlys n’a toujours pas été retrouvée et les indices ne permettent pas de confondre le principal suspect.
"Un lien de confiance vient de se casser avec les gendarmes", estime Jean-Alphonse Richard, chef du service police-justice de RTL. Le procureur désigne avec précision les responsables des fuites dans la presse : "la direction de la gendarmerie", ou encore "l’IRCGN", l’institut qui procède à toutes les analyses scientifiques et techniques.
"On est déjà condamné avant même qu’il y ait une enquête", déplore en retour le directeur général de la gendarmerie, alors que va désormais peser sur lui une enquête pour "violation du secret de l’instruction". "La dernière guerre de ce type remonte à l’affaire Grégory, et avait débouché sur un fiasco judiciaire", conclut Jean-Alphonse Richard.
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