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Aux assises, la "détresse" d'un père qui a étouffé sa fille handicapée

Un père accusé d'avoir étouffé dans son sommeil sa fille lourdement handicapée raconte sa détresse lors de son procès.

Le militaire ayant retourné son arme contre son agresseur samedi à la gare du Nord est visé par une enquête (illustration).
Crédit : AFP / DAMIEN MEYER
La rédaction numérique de RTL & AFP
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Un acte "de détresse", commis dans un état de "profonde dépression" : un père de 44 ans a raconté mardi 18 mars la succession d'épreuves qui l'ont conduit à étouffer dans son sommeil sa petite fille de six ans lourdement handicapée.

"Je l'aimais"

"Elle était très jolie, souriante", a glissé Americo Carneiro, cramponné à la barre, au premier jour de son procès devant la cour d'assises de Seine-et-Marne. "Je l'aimais", a-t-il ajouté d'une voix faible.

Je souffrais

Americo Carneiro

Décrit comme un père attentionné, ce maçon d'origine portugaise, qui comparaît libre, est accusé d'avoir assassiné sa fille unique, Johana, à Boulancourt, à 80 kilomètres au sud de Paris, le soir du 3 janvier 2011. "Ce soir-là, nous avons regarde la télé, comme d'habitude. Elle était contente. Et puis je l'ai couchée. J'ai fait en sorte de ne pas lui montrer l'état dans lequel j'étais", a raconté l'accusé, la voix entrecoupée par les sanglots.

"Je voulais mettre fin à tout cela"

"Vers 22h00, je suis entré dans sa chambre. J'ai mis ma main sur sa bouche, et je lui ai pincé le nez. Je voulais arrêter, mais j'avais peur", a-t-il poursuivi. "Ensuite, j'ai vu qu'elle ne bougeait plus (...) Je l'ai nettoyée, je voulais qu'elle soit belle." Americo Carneiro prévoyait ensuite de tuer son épouse, puis de se donner la mort, mais n'en a pas eu le courage. Un virement de 10.000 euros avait été effectué peu de temps auparavant sur le compte de sa mère, destiné à payer les obsèques de la famille.

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"Je souffrais. Je voulais mettre fin à tout cela", a expliqué l'accusé, qui dit avoir agi pour "soulager" les souffrances de Johana, dont il devait s'occuper quasiment seul au domicile familial, sa femme étant maniaco-dépressive et régulièrement hospitalisée.

"Il voyait tout en noir"

Née prématurée, Johana était tétraplégique, épileptique et souffrait d'un fort retard mental. Portant des couches, ne pouvant pas rester assise, elle dépendait totalement de ses parents et du centre spécialisé où elle passait ses journées. "Quand je la promenais en poussette, les gens détournaient la tête. Ça me donnait un coup", a raconté Americo Carneiro, évoquant le poids du "regard des autres" et sa difficulté à se projeter "vers l'avenir".

"Monsieur Carneiro était complètement perdu", a confirmé mardi une enquêtrice, décrivant un homme "isolé" et "en grande souffrance". "Il était complètement replié sur lui-même, il voyait tout en noir", a-t-elle détaillé. "Il y a eu une accumulation de pressions qui l'ont amené à mettre fin aux jours de Johana", avance son avocat, Me Hubert Delarue, qui souligne "l'ambiguïté" du geste de son client : "Il adorait sa fille et souffre énormément de son absence."

"Dans un trou"

Déjà traumatisé, durant l'enfance, par la mort accidentelle de son frère et par un AVC qui avait rendu son père hémiplégique, le quadragénaire s'était réfugié depuis plusieurs années dans l'alcool et ne prenait plus ses antidépresseurs. Selon plusieurs témoins, Americo Carneiro avait à plusieurs reprises refusé l'aide qui lui était proposée : celle de l'équipe médicale du centre où sa fille était prise en charge, mais aussi celle de sa famille et même d'un collègue.

"Je n'ai pas vu ces mains tendues. Peut-être que j'étais dans un trou. Je ne sais pas. Je ne m'en suis pas aperçu", a assuré Americo Carneiro, qui a repris depuis le drame son travail chez son ancien employeur et s'est remis en ménage avec son épouse. L'accusé encourt théoriquement la réclusion à perpétuité, mais les tribunaux prononcent généralement des peines clémentes contre les parents coupables du meurtre de leur enfant handicapé.

En 2008, une mère a ainsi été condamnée à deux ans avec sursis pour avoir noyé sa fille de 26 ans, lourdement handicapée, à Groslay (Val-d'Oise). En 2007, une autre avait été condamnée à 5 ans avec sursis pour avoir étouffé son fils tétraplégique de quatre ans. Le verdict de la cour d'assises de Melun est attendu vendredi.

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