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Mairie de Bellon (Charente), ville où a été assassiné Matthieu Dallibert, par le clan familial d'Isabelle Duché.
Crédit : Jack ma / Creative Commons
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Nous sommes en mars 2023, devant la Cour d’assises de Charente, à Angoulême. Dans le box des accusés, Nicolas Duché et son beau-frère Damien Aristide comparaissent pour le meurtre de Matthieu Dallibert, un jeune handicapé mental officiellement disparu en 2017, à Bellon (Charente), et dont le corps n’a jamais été retrouvé.
Isabelle Duché, celle qui est accusée d’avoir fomenté ce crime sordide, se trouve juste à côté, impassible, dans son fauteuil roulant. Pour peu, elle passerait presque inaperçue. Pourtant, cette femme de 53 ans est désignée comme la cheffe du clan Duché. Un esprit pervers et manipulateur, qui a mis toute sa famille sous emprise.
Isabelle, c’est d’abord une femme à la voix fluette, voire enfantine. Depuis son fauteuil roulant, la quinquagénaire aux cheveux blonds et à l’embonpoint certain, parle doucement, le regard fixe. Isabelle Duché règne, en réalité, sur sa famille en despote cruelle. Depuis sa chambre, surnommée “le confessionnal”, elle convoque, ordonne, et manipule les siens en les montant les uns contre les autres.
Son clan, elle l’a aussi façonné à son image : manipulateur, pervers, prédateur. Son but : s’enrichir, par tous les moyens. Fraude aux aides sociales, crédits frauduleux, falsification de chèques et arnaques en tout genre. Au total, les Duché auraient ainsi détourné plus de 250.000 euros entre 2010 et 2018. Ille-et-Vilaine, Mayenne, Manche, Finistère, Côtes-d’Armor, Charente… En huit ans, ils ont déménagé à neuf reprises.
À chaque nouvelle adresse, les mêmes combines : sur ordres de leur mère, les enfants mineurs, pour la plupart, séduisent des personnes vulnérables, et ont souvent des relations sexuelles avec elles, pour mieux les faire chanter, les écraser et les soumettre. C’est le cas de Matthieu Dallibert. En 2011, ce garçon de 20 ans, "joyeux et affectueux" selon ses proches, rencontre Laurine Duché, l’une des filles d’Isabelle.
Le jeune homme, qui croit à une histoire d’amour, vient de tomber dans un piège dont il ne ressortira pas vivant. Matthieu Dallibert sous l'emprise d'Isabelle Duché, et de son clan, devient un véritable esclave domestique. Le jeune handicapé mental, qui n'a pas de chambre où dormir, passe son temps à ramasser les crottes du chien de la famille, faire les tâches ménagères, et subit les coups des Duché, commandités par Isabelle.
La perversion de la matriarche est telle qu’Isabelle demande même à Matthieu comment il veut mourir. En septembre 2017, Isabelle Duché appelle son fils Nicolas. Ce dernier lui raconte que Dallibert a frappé son chien. Le soir même, Matthieu est passé à tabac. Le jeune handicapé, à peine conscient, a le visage tuméfié, et ses séquelles sont trop visibles : il doit disparaître, et son meurtre est échafaudé.
Le soir du 13 septembre 2017, Damien Aristide, le gendre d'Isabelle Duché, étouffe Matthieu Dallibert avec de l’éther pendant que Nicolas Duché lui tient les pieds. Une fois décédé, les deux hommes le démembrent, puis brûlent les morceaux du corps. En 2023, lors de son procès, Isabelle Duché dément tout en bloc, alors que plusieurs témoignages, dont ceux de ses enfants, des ex-victimes du clan, ainsi que ceux de son gendre Damien, convergent.
Au terme de plusieurs jours de procès, Nicolas Duché finit par avouer le crime : c’est sa mère qui a tout décidé depuis sa chambre, fait de Matthieu Dallibert un esclave et commandité son meurtre. L’expertise psychologique évoque une femme “narcissique”, se “victimisant” en permanence, et d’une immense “perversité morale”, incapable de faire preuve d’empathie, même auprès des siens.
Le 31 mars 2023, Isabelle Duché est condamnée, comme son fils Nicolas, à la perpétuité. Une peine exceptionnelle en France pour une complicité d’assassinat. En comparaison, Damien Aristide, l’assassin, n’écopera lui “que” de 30 ans de prison. Les deux premières peines seront confirmées en appel en 2024.
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