Le 15 mars 2012 à Montauban, Loïc Liber est l'une des cibles de Mohamed Merah. Atteint de plusieurs tirs, qui avaient notamment touché sa moelle épinière, il est resté tétraplégique. Hospitalisé aux Invalides, il suit, à distance par visio-conférence, le procès d'Abdelkader Merah, jugé pour "complicité d'assassinats". Il témoignera le 25 octobre prochain.
Loïc Liber a tenu à expliquer sa vision du procès et ce qu'il en attend. "C'est dur de savoir aujourd'hui que mon nom est dans un procès sachant que j'ai été victime d'un terroriste qui m'a tiré dessus", explique-t-il. Le soldat aujourd'hui tétraplégique reste surtout triste pour l'ensemble des victimes de Mohamed Merah. "Y a pas que moi, y a aussi tous les enfants, sans compter mes camarades, ça me fait mal de savoir qu'ils sont morts, que leurs familles aussi sont tristes", confie Loïc Liber.
"C'est pas un bon moment pour moi, je suis triste, je suis malheureux. Aujourd'hui, je ne suis plus sur mes deux pieds alors qu'auparavant j'étais autonome, je vivais pleinement de la vie. Je suis vraiment anéanti. Ce que j'attends vraiment de ce procès, c'est vraiment la justice, qu'ils puissent vraiment faire tout leur possible pour ne pas laisser cet individu s'en sortir ainsi", assure-t-il. "J'espère qu'ils seront condamnés", ajoute Loïc. L'ancien soldat tient à rester fort et à livrer un message d'espoir. "Même étant paralysé aujourd'hui, tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir. Je veux juste faire passer un message à mes camarades, c'est que même dans les périodes de guerre, même dans ces circonstances, l'âme de soldat reste éternelle".
"Qu'il dise qu'il a honte, moi j'y crois pas"
Loïc Liber, soldat victime de Mohamed Merah.
Concernant les excuses du frère de Mohamed Merah, Loïc n'y croit pas. "Ça ne me touche pas du tout qu'on fasse ça. Moi qui suis un soldat de l'armée française, je peux comprendre que je fais un métier à risque puisqu'être soldat c'est un choix. En plus de m'avoir fait ça, avoir en plus tiré sur des enfants, c'est honteux, c'est lâche, c'est vraiment... J'arrive même pas à donner le terme. Alors qu'il dise qu'il a honte, moi j'y crois pas".
L'ancien soldat estime qu'Abdelkader Merah est responsable de ce drame. "Son frère est un monstre, il a incité son frère, poussé son frère vu l'âge qu'il avait quand il m'a tiré dessus, pour moi c'était un gamin à cet âge là." Concernant l'avenir, malgré les souvenirs et la douleur, Loïc Liber reste dans la vie, dans la lutte pour s'en sortir. "Chaque jour, j'ai ces images en tête. J'ai pas du tout envie de nommer son nom. Je suis là, je me bats toujours", affirme-t-il.
Entre le 11 et le 19 mars 2012, Mohamed Merah a assassiné sept personnes à Toulouse et Montauban, avant d'être abattu le 22 mars dans son appartement par des policiers d'élite du Raid. Mardi 10 octobre à l'audience, des survivants de l'attaque sont venus témoigner. Après le récit qu'il a qualifié "d'insoutenable", Abdelkader Merah a pour la première fois exprimé des regrets sur les tueries commises par son frère : "J'éprouve un mélange de tristesse, de honte et de regrets", a-t-il dit à la cour, affirmant avoir évolué en prenant conscience de "la tristesse des familles des victimes".