Les troupes antiémeute ukrainiennes ont lancé un nouvel assaut mercredi
19 février au petit matin contre les manifestants réunis sur la place centrale de Kiev occupée depuis trois mois, dans une recrudescence des violences qui
ont fait au moins 16 morts. Le
président Viktor Ianoukovitch a refusé d'arrêter l'assaut et exige que
les manifestants évacuent la place du Maïdan, a déclaré l'opposant
Vitali Klitschko après l'avoir rencontré.
Les policiers ont avancé et pris position autour du monument qui se trouve au milieu du Maïdan, peu après 04h00 du matin (02h00 GMT) après une pluie de grenades lacrymogènes et assourdissantes, a constaté mercredi un journaliste de l'AFP. Les tentes situées autour du monument ont pris feu les unes après les autres. Les manifestants ripostaient en jetant des pavés.
"Quatre manifestants ont été tués lors du ratissage du Maïdan", a déclaré à l'AFP Sviatoslav Khanenko, responsable des services médicaux de l'opposition. Le précédent bilan officiel, publié avant l'assaut, faisait état de cinq civils et sept policiers tués dans des affrontements qui embrasent Kiev depuis mardi matin.
Pour se protéger des forces de l'ordre, les manifestants rassemblés sur la place du Maïdan, haut-lieu de la contestation de l'opposition qui reproche au pouvoir d'avoir préféré un rapprochement avec la Russie plutôt qu'un accord avec Kiev, ont dressé mardi soir un mur de feu. Derrière ce rideau de flammes, des opposants, casqués, équipés de gourdins et de boucliers en métal semblables à ceux des policiers, formaient une première ligne de défense.
Plusieurs
milliers de personnes attendaient avec anxiété l'assaut final des
centaines de Berkout - membres redoutés des forces antiémeute - qui
utilisent canons à eau, grenades lacrymogènes et assourdissante.
Plusieurs étages de la Maison des Syndicats, transformée en QG des manifestants en plein centre de Kiev et donnant sur le Maïdan, étaient en feu, a constaté un journaliste de l'AFP. Des opposants quittaient ce bâtiment et certains ont été évacués sur des brancards.
Équipés de porte-voix, les policiers avaient auparavant demandé aux femmes et aux enfants de quitter les lieux, évoquant le déclenchement d'une "opération antiterroriste". Mais plusieurs milliers de contestataires ont refusé de bouger et ont alors entonné l'hymne national ukrainien. "On ne partira pas d'ici, c'est un îlot de liberté", a promis à la foule l'un des leaders de l'opposition, Vitali Klitschko.
"Le pouvoir a déclenché une guerre contre son propre peuple", a asséné l'ancien champion de boxe, avant de se rendre à la présidence pour rencontrer Viktor Ianoukovitch. Même des soutiens traditionnels du régime, comme l'oligarque Rinat Akhmetov, l'homme le plus riche d'Ukraine et le principal parrain du parti de Ianoukovitch, ont critiqué les événements en cours.
"Les victimes humaines du côté
des manifestants et des forces de l'ordre sont un prix inacceptable pour
des erreurs politiques", a déclaré Akhmetov dans un communiqué,
appelant à "cesser l'effusion de sang". L'un des civils tués est
un employé du Parti des régions du président Ianoukovitch, dont le corps
a été retrouvé au siège de cette formation politique, pris d'assaut et
brièvement contrôlé par les contestataires, qui l'ont partiellement
incendié.
Les corps de deux autres
personnes ont été découverts dans la zone des affrontements, mais la
police a affirmé que leur mort n'était pas liée aux violences. Par
ailleurs, au moins 150 manifestants ont été blessés, dont 30 grièvement
- l'un ayant eu la main arrachée en ramassant une grenade
assourdissante -, selon Oleg Moussiï, chef du service médical de
l'opposition. Et 159 policiers ont été hospitalisés, dont 35 dans un état grave, a-t-on appris de source officielle. Les violences menaçaient de s'étendre au reste de l'Ukraine.
A
Lviv, un bastion de la contestation dans l'ouest, les manifestants ont
pris d'assaut les sièges de l'administration régionale et de la police,
ainsi que de bâtiments militaires. A l'issue d'affrontements, quelque
5.000 manifestants ont pris le contrôle des dépôts d'armes.
Le
mouvement de protestation, né en novembre de la volte-face du pouvoir
qui a préféré un rapprochement avec la Russie plutôt qu'un accord avec
l'UE, s'est rapidement transformé en un rejet pur et simple du régime.
Le
procureur général Viktor Pchonka a promis mardi soir "les peines les
plus sévères" pour les responsables et les instigateurs des violences. Le
pouvoir a aussi imposé une sorte d'état d'urgence qui ne dit pas son
nom : le métro de Kiev a été fermé et les autorités ont annoncé que le
trafic routier en direction de la capitale serait "limité" à partir de
minuit, afin d'éviter "l'escalade des violences".
De précédents heurts fin janvier avaient fait quatre morts et plus de 500 blessés. La
Russie a aussitôt condamné ce regain de violences, qu'elle a attribué à
la politique des Occidentaux, qui "ferment les yeux sur les actes
agressifs des forces radicales en Ukraine". De son côté, le
vice-président des Etats-Unis Joe Biden a appelé Viktor Ianoukovitch à
retirer les forces de l'ordre des rues de Kiev et "à faire preuve de la
plus grande retenue". Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est dit lui aussi "extrêmement inquiet".
Le
ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a
brandi la menace de "sanctions" de l'Union européenne contre des
dirigeants ukrainiens. L'opposition à Kiev accuse le pouvoir de
céder aux pressions de la Russie, qui a octroyé en décembre à l'Ukraine,
au bord du défaut de paiement, un crédit de 15 milliards de dollars,
dont trois milliards ont déjà été versés, et un important rabais sur le
prix du gaz. Elle s'impatiente aussi, les négociations avec le
pouvoir étant au point mort, qu'il s'agisse d'une réforme
constitutionnelle réduisant les pouvoirs du président ou de la formation
d'un nouveau gouvernement.
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