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Des manifestants lors d'un face à face avec les forces de l'ordre à Kiev en Ukraine, le 20 février 2014.
Crédit : BULENT KILIC / AFP
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Le président Viktor Ianoukovitch et l'opposition ukrainienne ontsigné un accord de sortie de crise qualifié de fragile par Washington,
prévoyant d'importantes concessions du pouvoir qui pourraient apparaître
insuffisantes au lendemain du bain de sang qui a endeuillé Kiev.
Le président des Etats-Unis Barack Obama et son homologue russe Vladimir Poutine souhaitent que l'accord de fin de crise en Ukraine soit appliqué "rapidement", a indiqué vendredi un haut responsable américain, mettant toutefois en garde contre une solution "très, très fragile". La Maison Blanche a salué la signature de l'accord et souhaité qu'il soit appliqué immédiatement.
Le
président ukrainien s'est rendu entretemps dans l'est du pays, à
Kharkiv, pour assister à une réunion politique, a indiqué un haut
diplomate américain, rappelant que cette région de l'Ukraine était le
fief politique du chef de l'Etat. Signé vendredi au palais
présidentiel en présence des médiateurs européens,l'accord prévoit une élection présidentielle anticipée, au plus tard en décembre, la
formation d'un gouvernement de coalition d'ici à dix jours et un retour à
la Constitution de 2004, voté dans la foulée par le Parlement
ukrainien.
La Rada a aussi voté à la surprise générale une loi ouvrant théoriquement la voie à la libération de l'opposante et ex-Première ministre Ioulia Timochenko. L'ancienne égérie de la Révolution orange pro-occidentale en 2004 avait été condamnée en 2011 à sept ans de prison pour abus de pouvoir. La loi doit encore être approuvée par le président Ianoukovitch.
Ces deux votes se sont déroulés vendredi soir au Parlement dans un quartier gouvernemental totalement déserté par les policiers, et où la sécurité est désormais assurée par le service d'ordre des manifestants, a constaté l'AFP. L'accord a été conclu après des affrontements qui ont fait près de 80 morts et des dizaines de blessés depuis mardi à Kiev, un niveau de violence inédit pour ce jeune pays issu de l'ex-URSS.
La crise, qui a
débuté il y a trois mois jour pour jour, a métamorphosé le centre-ville
en quasi-zone de guerre, hérissée de barricades et de tentes pour les
protestataires. Mais sur le Maïdan, la place emblématique au coeur
de la capitale ukrainienne, les réactions étaient mitigées et donnaient
l'impression que les concessions annoncées par Ianoukovitch étaient
perçues comme à la fois tardives, insuffisantes et sujettes à caution. Des
dizaines de milliers de personnes continuaient d'occuper la place
vendredi soir dans un climat cependant nettement moins tendu que la
veille, certains manifestants se prenant en photo ou allumant des feux
d'artifice.
"Bien sûr que les gens restent là", a déclaré Michael Dudar, un jeune prêtre catholique, s'affairant autour d'une tente. "L'ennemi est toujours vivant", a-t-il remarqué. "Je ne sais pas si nous avons été trahis ou pas", a pour sa part relevé Petro Nazapo, un quinquagénaire de Lviv (ouest). Affûtant au couteau un pied de table, il a déclaré "se préparer pour une nouvelle attaque", ajoutant : "Nous ne partirons que lorsque nous aurons gagné".
"Les gens disent qu'ils ne quitteront pas le
Maïdan tant que Ianoukovitch ne sera pas parti", explique de son côté
Oleg Bukoyenko, un habitant de Kiev âgé de 34 ans. Le groupe
paramilitaire d'extrême droite "Secteur droit", très actif dans la
guérilla urbaine ces dernières semaines, a de son côté fait savoir que
"la révolution nationale se poursuivait et ne s'achèverait qu'avec le
départ complet du régime".
La
prudence était aussi de mise du côté des responsables européens,
pourtant principaux artisans du compromis après une journée et une nuit
entière de négociations menées par les ministres des Affaires étrangères
polonais, allemand et français à Kiev et qui semblent avoir été
musclées.
Le ministre ukrainien de la Défense Pavel Lebedev a
assuré vendredi à son homologue américain Chuck Hagel que l'armée
n'interviendrait pas contre les manifestants en Ukraine, a rapporté le
Pentagone. Dans une vidéo réalisée à son insu et diffusée sur
Internet, on peut voir le chef de la diplomatie polonaise, Radoslaw
Sikorski lancer brusquement aux leaders de l'opposition : "Si vous
n'êtes pas d'accord, vous aurez la loi martiale, l'armée, vous serez
tous morts !".
Selon le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, l'accord est le "mieux qu'on pouvait espérer". "Soyons
prudents", a-t-il ajouté, "car la situation économique reste
épouvantable et puis il va falloir suivre (la mise en oeuvre de
l'accord)". "Il y a eu des crimes. Il faut que tout cela fasse l'objet
d'une enquête et qu'on en tire les conséquences", a encore averti
Fabius.
Pour le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy,
"il est désormais de la responsabilité de toutes les parties d'être
courageux et de passer des paroles aux actes". Le secrétaire
général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé le président Ianoukovitch pour lui
demander que l'accord de sortie de crise soit "appliqué totalement et
aussi vite que possible", selon le porte-parole adjoint de l'ONU Farhan
Haq.
L'Ukraine se trouve actuellement au bord de la faillite, et
la Russie a promis l'octroi d'un crédit de 15 milliards de dollars et un
important rabais du prix du gaz. L'opposition, représentée par le
"Conseil du Maïdan", avait donné son feu vert à l'accord à condition
que l'actuel ministre de l'Intérieur, Vitali Zakhartchenko, ne fasse pas
partie du prochain gouvernement. Sa révocation a été votée dès vendredi
par le Parlement. Européens et Américains avaient fait monter la
pression sur le régime de Ianoukovitch tout au long de la semaine en
décidant de priver de visas et de geler les avoirs de responsables
ukrainiens et en menaçant de sanctions supplémentaires.
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