Évoquant le blocage de Twitter par le gouvernement, le président turc Abdullah Gül a déclaré : "Je pense que le problème sera bientôt résolu", aux journalistes à Ankara, ce dimanche 23 mars, avant son départ pour les Pays-Bas où se tient à partir de lundi une conférence internationale sur la sécurité nucléaire.
"C'est évidemment une situation déplaisante pour un pays développé comme la Turquie qui est un acteur régional de poids, et en négociations avec l'Union européenne. Pour cette raison, ce problème sera surmonté rapidement", a-t-il ajouté.
L'autorité turque des télécommunications a interdit jeudi soir l'accès à Twitter, après que le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan eut annoncé sa décision d'éradiquer le site de microblogging, une décision qui lui a attiré l'ire de la communauté internationale. "Nous allons supprimer Twitter. Je me moque de ce que pourra dire la communauté internationale", avait-il lancé lors d'un rassemblement électoral à huit jours des élections municipales.
Le gouvernement
Erdogan a indiqué avoir décidé ce blocage après que le réseau social
basé aux États-Unis, qualifié de "biaisé et partial", eut refusé de se
conformer à des "centaines de décisions de justice" depuis janvier
dernier, sur le retrait des enregistrements de conversations
téléphoniques piratées. "Twitter a été utilisé comme un outil de
diffamation systématique en faisant circuler des enregistrements acquis
illégalement, des écoutes téléphoniques truquées", avaient indiqué
samedi à l'AFP dans une déclaration en langue anglaise, les bureaux du
Premier ministre Recep Erdogan.
La décision d'Ankara a été très largement perçue comme une tentative du gouvernement de faire taire les accusations de corruption mettant en cause le Premier ministre et son proche entourage, avant les élections du 30 mars, aux allures de référendum pour ou contre le chef du gouvernement, au pouvoir depuis 2003.
Les enregistrements circulant sur Twitter dévoilent
notamment une conversation présumée d'Erdogan avec son fils, où il est
question de dissimuler d'importantes sommes d'argent, ainsi que de
pressions exercées par le Premier ministre sur la justice ou la presse
et d'ingérences dans des ventes immobilières. Erdogan a a catégoriquement rejeté ces accusations.
"Bloquer l'accès à Twitter peut être l'arme d'un gouvernement qui a perdu force et confiance", a estimé le journaliste Kadri Gursel dans le quotidien Milliyet.
Après onze années au pouvoir, Recep Erdogan est accusé d'autoritarisme croissant.
Le Comité pour la Protection des journalistes (CPJ) a déclaré que la Turquie, qui aspire à être membre de l'Union européenne, détient plus de journalistes dans ses geôles que tout autre pays.
Douglas Frantz, secrétaire d’État adjoint américain pour les affaires publiques, a qualifié l'interdiction de Twitter, "d'autodafé du 21e siècle", exhortant la Turquie de revoir sa décision controversée.
Loin de
brider l'utilisation de Twitter, l'interdiction a provoqué une explosion
du nombre de tweets, qui ont augmenté de 138%, selon une étude réalisée
par la société d'analyse des des médias sociaux Brandwatch. Furieux,
les Turcs ont eu recours aux réseaux privés virtuels (VPN) et changé de
système de noms de domaines (DNS) pour contourner les restrictions.
Selon le président Abdullah Gül, le site de microblogging a engagé un avocat en Turquie pour négocier avec les autorités. "Twitter
n'avait pas de représentants en Turquie. Il devrait y avoir de bons
circuits de communication avec de pareils (...) géants. Ils ont à
présent un avocat qui travaille pour eux ici", a-t-il déclaré.
Abdullah Gül, qui est un utilisateur régulier des réseaux sociaux, avait
dénoncé vendredi sur son compte Twitter le blocage du réseau social par
le gouvernement. Réputé plus modéré, Abdullah Gül a multiplié les prises de distance publiques avec les positions intransigeantes de Recep Tayyip Erdogan. Le président a déclaré ce dimanche que ses téléphones étaient peut-être aussi sur écoutes, mais qu'il "n'avait rien à craindre".
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte