Depuis ce mercredi 1er janvier, les Roumains et les Bulgares peuvent travailler librement dans l'ensemble de
l'Union européenne, dont la France. Cette étape de la construction européenne suscite des polémiques en
Grande-Bretagne et en Allemagne, mais est accueillie avec indifférence à Bucarest et Sofia.
Sept ans après l'accession de
leurs pays à l'UE, la levée des dernières restrictions sur le marché du
travail pour les Roumains et les Bulgares dans neuf pays de l'UE
--France, Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, Grande-Bretagne,
Luxembourg, Malte, Pays-Bas-- n'a rien d'un "big bang" puisque 17 autres États, dont l'Italie ou la Suède, ont déjà franchi le pas depuis des
années. Pour cette raison, il est très improbable que nous
assistions à une hausse importante de l'émigration" roumaine et bulgare,
a souligné ce mercredi le commissaire européen à l'emploi Laszlo Andor, alors qu'une partie de la presse et des hommes politiques britanniques
brandissent la menace d'une "invasion" de leur pays.
Laszlo Andor a
par ailleurs rappelé que "plusieurs études ont montré que la liberté de
mouvement des travailleurs apporte des bénéfices aux économies des pays
d'accueil (...) dans une Europe où deux millions d'emploi ne sont pas
pourvus". Il a regretté que les travailleurs migrants soient "une cible" en temps de crise.
Jusqu'au
dernier moment, des membres du Parti conservateur britannique ont
pressé, en vain, le Premier ministre David Cameron de repousser
l'ouverture du marché du travail. Des responsables roumains et bulgares ont dénoncé le ton "hystérique" du débat à Londres.
En
Allemagne, le parti conservateur bavarois, allié de la chancelière
Angela Merkel, a également tempêté contre la levée des restrictions,
l'associant à un risque accru "de fraude aux prestations sociales". Mais
le porte-parole du gouvernement, Steffen Seibert, a rétorqué que la
"libre circulation des personnes est une chance pour les Allemands et
l'Allemagne".
"Faire comme si tous les gens en provenance de
Bulgarie et de Roumanie étaient pauvres et ne venaient chez nous que
pour percevoir des allocations passe sous silence les nombreuses
personnes très qualifiées qui travaillent ici, par exemple comme
médecins ou personnel de soins", a insisté de son côté la secrétaire d’État chargée des Migrations Aydan Özoguz.
En Espagne, pays
frappé par la crise qui accueille déjà un million de Roumains et de
nombreux Bulgares, la fin des restrictions sur le marché du travail n'a
pas suscité de controverse. "La grande majorité des Roumains est très
bien intégrée", a indiqué l'ambassadeur d'Espagne en Roumanie Estanislao
de Grandes Pascual.
Sur un des marchés du centre de Bucarest,
nombre de passants et de commerçants avouaient "ne pas bien savoir" ce
qui changeait au 1er janvier et n'avoir aucun plan de départ. Le
Premier ministre roumain Victor Ponta et les responsables bulgares
assurent régulièrement qu'il n'y aura pas de vague d'émigration à partir
de ce mercredi. "Les citoyens (...) veulent un bon travail, un bon
revenu et la justice dans leur patrie, pas s'acheter un aller simple
pour quitter la Bulgarie !", a encore martelé mardi soir le président
bulgare Rossen Pleneliev, dans son discours de vœux.
Nombre
d'analystes indépendants soulignent l'impossibilité d'évaluer
précisément le nombre des candidats au départ mais rappellent que les
grandes vagues d'émigration ont déjà eu lieu. Depuis la chute du
communisme, environ trois millions de Roumains et un million de Bulgares
ont émigré, pour leur très grande majorité en Espagne et en Italie.
France et Grande-Bretagne ont aussi recruté des milliers de médecins et
d'aides-soignantes.
La faiblesse des salaires dans leur pays
explique ces départs : un médecin gagne en général 400 euros par mois en
Roumanie ou en Bulgarie, même si d'aucuns s'en sortent beaucoup mieux. "Si
je pouvais gagner plus en Roumanie, je resterais, car je préfère être
dans mon pays et proche de ma famille", confie à l'AFP Titu Ionut, 32
ans, un ouvrier en construction installé en Espagne. Une majorité
de Roumains et Bulgares veulent toutefois rester malgré les salaires bas
et manque de confiance dans la classe politique. C'est le cas de
Simona Mazilu, lectrice universitaire de 34 ans à Bucarest : "Il est
important de croire qu'on peut arriver à quelque chose ici, et je crois
que c'est possible. Les autres pays ont aussi leurs défauts".
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