Résistance, c'est le mot du jour dans la presse, ce lundi 5
juin. C'est presque devenu une habitude. À chaque attentat, son héros, son
survivant symbolique, son rescapé improbable. Lui doit avoir une vingtaine
d'années. Sa photo fait le tour du monde. Il court, il fuit en même temps qu'une dizaine de personne sur le
London Bridge, il vient de quitter un bar. "En 24 heures, il est devenu le
symbole du flegme et de l'esprit britannique",écrit le Huffington Post.
Sans doute, sans même le savoir. À cause d'un détail : la
bière qu'il tient précieusement dans sa main, il fuit mais prend garde de ne
pas en renverser la moindre goutte. Les
réseaux sociaux se sont emparés de ce jeune homme et de cette note d’humour
pour lutter à leur manière face à la terreur. "On est des Anglais avant
tout", commente un internaute. "Que dieu bénisse les Anglais",
dit un autre. Et puis dans le flot de commentaires, arrive une explication plus
terre à terre. On est dans le quartier de London Bridge, c'est ici que la pinte
est la plus chère à Londres, 7 euros. L'humour anglais derrière un buveur de
bière, devenu ce lundi 5 juin, pour le journal 20 Minutes, "symbole de
résilience et de résistance".
"L'Angleterre en résistance", titre Le Courrier
Picard. "Londres en résistance", en une de Libération. "L'acharnement
terroriste", titre de son côté La Dépêche du Midi, qui constate que depuis
plus de dix ans, "cette guerre fait partie de notre paysage mondial. Et
pourtant, malgré l'urgence, nous devons par-dessus tout refuser de céder à la
fatalité - qu'elle soit divine ou non. Notre force, c'est de ne jamais nous y
habituer !"
"Ne jamais s'habituer", c'est aussi le titre de l'édito du Figaro. "Les guerres longues portent en elles quelque chose de redoutable qui s'appelle la force de l'habitude", reconnait Paul-Henri du Limbert. "C'est toute l'Europe, dit-il, qui doit enfin prendre conscience que le danger est en son sein, et réagir en conséquence. Quitte à froisser tous les juristes qui estiment que les libertés individuelles priment sur la sécurité collective."
"À Londres, les appels à l'unité cèdent la place à la colère", titre Le Monde de cet après-midi 5 juin, qui cite notamment
Lauren, une Londonienne qui vit à 200 mètres
des lieux de l’attentat : "on ne peut pas en supporter beaucoup
plus", dit-elle, car, "dans ce pays, on se laisse faire".
James, son voisin, assure quant à lui que les Britanniques "veulent désormais
un discours ferme et dur".
Une demande entendue par Theresa May, qui a durci le ton, dimanche
4 juin. "Enough is enough", "ça suffit". La presse britannique
reprend à sa une les mots de la Première ministre britannique, c'est la une du
Guardian, du Financial Times et du Daily Express. Sébastien Lacroix dans L'Union lui emboîte le pas, c'en est assez pour lui de "cette tolérance
britannique qui a permis à l'intolérance islamique de s'épanouir. Puisse la
France s'en inspirer pour rétablir les lois de la République dans tous ses
territoires."
Dans les pages débats du Figaro, lire aussi la tribune d'Hugues Moutouh, ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy au ministère de
l'Intérieur. Il parle ce lundi de l'uber-terrorisme. "Daesh, écrit-il, a
révolutionné le terrorisme comme Uber a bouleversé l'économie". Une plateforme
sur le web met en contact commanditaires et prestataires partout dans le monde. Daesh a ainsi brisé les codes du
terrorisme en le libéralisant totalement. Son coup de génie est d'avoir compris
que la main d'œuvre n'était pas rare,
mais pléthorique. Daesh a compris que tout homme ayant un compte à régler avec
la société était un terroriste en puissance. "Là est le vrai défi, dit-il, dans
ces nouveaux entrepreneurs individuels de la terreur, face à cette ubérisation
du terrorisme, il faut faire preuve de plasticité, d'innovation et de
pragmatisme."
D'autres résistances dans la presse ce lundi ? Avec la une du Parisien-Aujourd'hui en France, on notera d'ailleurs que le journal choisit un autre sujet que les attentats pour sa première page, "Révélations sur les ordonnances de Macron". Le journal dévoile l'avant-projet de loi devant permettre au gouvernement de prendre par ordonnances des mesures pour l'emploi.
"Depuis longtemps, écrit Stéphane Albouy, entre l'avant et l'après élection présidentielle, les Français se sont habitués à observer un fossé se creuser entre les paroles et les actes. Pour l'instant, le président semble déterminé à maintenir le cap". Ne jamais s'habituer. Reste à savoir comment ces textes vont être reçus par les Français. L'ordonnance numéro 5 sur la fusion des instances représentatives du personnel risque de rencontrer quelques résistances du côté des syndicats.
Le mensuel Sciences et Avenir raconte que des scientifiques
américains développent actuellement une version super puissante de la vancomycine,
un antibiotique découvert en 1956 pour lutter contre les staphylo, les strepto
et les entérocoques. Sauf qu'en 60 ans, ces bactéries responsables d'infections
étaient devenues résistantes à cet antibiotique. Ce sont des bactéries que l'on
trouve très souvent dans les infections nosocomiales, celles qui pourrissent
les hôpitaux. "La résistance bactérienne aux antibiotiques est l'une des
plus graves menaces pesant sur la santé mondiale", écrit Le Figaro qui se
fait l'écho aussi de cette avancée.
Une équipe de scientifiques californiens est parvenue à contrer le mécanisme qu'avait développé la bactérie pour empêcher le médicament de s'arrimer à elle et la détruire, les chercheurs ont ensuite modifié chimiquement la structure de l'antibiotique pour lui permettre d'attaquer le germe, en deux endroits, la bactérie se trouve ainsi criblée de trou et empêchée de se reproduire. La puissance de l'antibiotique est multipliée par 50.000. Le germe est éradiqué. Il a fallu 20 ans de recherche pour parvenir à ce résultat. Souhaitons ce lundi que les chercheurs en contre-terrorisme travaillent plus vite à l'éradication contre les germes qui pourrissent nos sociétés.