Alors que nous, les Français, sommes focalisés sur les primaires, une autre consultation électorale, dans un pays tout proche, pourrait avoir des conséquences considérables pour nous. L'Italie va voter le 4 décembre prochain. Il s'agira d'un référendum sur des questions institutionnelles en apparence secondaires : le rôle du Sénat et l'équilibre des pouvoirs entre les régions et la capitale. Mais l'enjeu véritable de ce scrutin explosif est ailleurs. Car ces réformes sont présentées et défendues par Matteo Renzi, le premier ministre de centre gauche, qui aura de grandes difficultés à se maintenir si son projet ne passe pas.
Est-ce que c'est si grave ? L'instabilité gouvernementale en Italie, ce n'est pas vraiment nouveau. Mais cette fois-ci, c'est très différent. Car les trois partis d'opposition militent pour la sortie de l'Italie de l'euro : l'extrême gauche, très puissante avec le mouvement 5 étoiles ; l'extrême droite, avec la Ligue du Nord ; et même Silvio Berlusconi, qui revient une nouvelle fois, à 80 ans et avec toutes ses dents, sous la forme d'un Donald Trump italien ("Trumpetto", en quelques sorte).
Si le "non" l'emporte au référendum, de nouvelles élections seront convoquées, et c'est l'opposition qui devrait gagner. Il y aurait là de quoi déclencher une nouvelle crise de l'euro, comparable à celle que nous avons connue en 2011-2012, avec la spéculation des marchés financiers sur la sortie de l'Italie de l'union monétaire et un éclatement de la zone.
C'est très vraisemblable que les Italiens votent non. Les sondages sont désormais interdits en Italie, puisque nous sommes a moins de deux semaines du vote. Mais les derniers publiés faisaient état d'une avance du non de cinq à huit points.
Comme d'habitude lors d'un référendum, les Italiens ne votent pas sur la question posée, mais sur le bilan économique de Renzi qui, objectivement, n'est pas bon. Il y a bien une petite reprise anémique, mais elle intervient après un effondrement du pays. Par rapport à l'avant crise (2007-2008), le PIB de l'Italie a reculé de 9%. C'est absolument sans précédent : on n'a jamais vu cela, sauf en temps de guerre.
Et si le Nord s'en sort grâce à son industrie exportatrice, le sud de Rome connait une récession comparable à celle de la Grèce. C'est d'ailleurs dans le Sud que les sondages sont les plus mauvais. Et il faut ajouter à cela la crise des banques (plusieurs sont en faillite), et la crise des migrants, pour laquelle l'Italie est en première ligne.
L'euro a une responsabilité dans la crise du pays. Sans la monnaie unique, l'euro l'Italie aurait massivement dévalué pour sortir de la crise. Au lieu de cela, elle a fait de violentes coupes budgétaires et augmenté les impôts, sous le gouvernement de Mario Monti notamment. Ce qui a été fatal, c'est l'association de l'union monétaire avec des politiques économiques complètement inadaptées. Le tout a détruit une bonne partie de l'industrie et de l'activité du pays.
Les réformettes de Renzi ne sont pas suffisantes pour remettre le pays sur pied. Si même Renzi gagnait son pari cette fois-ci, la bombe italienne finira par exploser. Elle ressemble à la bombe grecque, mais en beaucoup plus lourd au plan économique, et au plan politique, car l'Italie est l'un des pays fondateurs de l'Europe.
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