Otages français en Syrie : ils sont en "bonne santé", aux mains de djihadistes

Lundi 6 janvier au soir, à la Maison de Radio-France à Paris, s'est tenue une soirée de soutien aux , Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres. Risquant leur vie dans , ils ont été kidnappés en juin 2013 dans le nord du pays. Depuis, le 6 de chaque mois, leur Comité de soutien, présidé par Florence Aubenas, ex-otage en Irak et grand reporter au Monde, organise une manifestation de solidarité.
Peter Bouckaert, directeur des urgences de Human Rights Watch, interrogé à l'occasion de cette soirée, a confirmé des informations sur le sort des otages français retenus en Syrie, rapporte Le Monde.

Aux mains du groupe djihadiste EIIL

Ce dernier a déclaré que "les quatre journalistes sont entre les mains de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL)". Peter Bouckaert a été impliqué dans plusieurs négociations autour de kidnappings en Syrie. Il a ainsi confirmé officiellement ce que savaient déjà les proches du dossier. EIIL est le principal groupe djihadiste contre lequel une grande offensive est en cours depuis vendredi, menée par l'Armée syrienne libre et des groupes islamistes plus modérés, toujours selon Le Monde. Ce groupe aurait subi de graves défaites ces trois derniers jours. Son intolérance anti-chrétienne et anti-chiite, et la présence massive d'étrangers en son sein, l'ont rendu très impopulaire au sein de la population syrienne.

Lundi, l'Etat islamique a libéré une cinquantaine de prisonniers, tous Syriens, mais aucun étranger, dont le père jésuite italien Paolo dall Oglio, enlevé début août, n'a été retrouvé. La chute d'autres villes et villages aux mains de l'EIIL aurait été accompagnée de massacres de prisonniers, sans que ces informations, recueillies par l'intermédiaire d'activistes syriens, puissent être vérifiées, selon Le Monde.

Les otages occidentaux seraient regroupés à Alep, où des combats sont en cours entre l'EIIL et d'autres factions rebelles, selon des sources bien informées, ajoute le quotidien. Selon Peter Bouckaert, les journalistes "sont bien traités et en bonne santé", mais, "ce groupe ne veut pas négocier" leur libération. Ils sont détenus en compagnie d'autres otages syriens, ce qui permet d'avoir des nouvelles indirectes au gré des libérations.

"Boucliers humains"

"Ils retiennent ces gens [les étrangers] en otages pour s'en servir comme boucliers humains" au cas où ils seraient attaqués par l'Occident. Peter Bouckaert a alerté les journalistes sur le danger que représente la Syrie : "nous sommes face à la pire crise des otages depuis la guerre du Liban. Et encore, il y en avait moins au Liban. C'est une crise sans précédent." Entre vingt et trente journalistes étrangers sont toujours otages en Syrie. De nombreux humanitaires y sont également retenus, dont cinq employés de Médecins sans frontières.

L'EIIL, créé en 2013, est principalement composé de djihadistes étrangers, qui imposent leurs vues aux zones passées sous leur contrôle et qui n'hésitent pas à évincer par la force les brigades trop modérées à leur goût, selon Le Monde. L'historien Pierre-Jean Luizard ajoute, "il y a plusieurs milliers de combattants étrangers qui font la navette entre la Syrie et l'Irak : des Saoudiens, des Egyptiens et des Maghrébins, principalement". Le photographe polonais Marcin Suder, qui s'est échappé seul en octobre, a confirmé lors de la soirée, dans son premier témoignage, que ses cinq geôliers "ne communiquaient qu'en français. Ils ne parlaient même pas en arabe entre eux. " Selon lui, ils venaient de France, de Belgique et des Pays-Bas, ajoute le quotidien.

Florence Aubenas, qui préside le comité de soutien aux quatre journalistes, a confié à Vosges Matin : "Tout ce qui fait du bruit autour de la liberté de la presse et des conditions de travail des journalistes est bon. Parler des journalistes les protège. Au fond du cœur, j’ai l’espoir que nos quatre amis en entendront parler où qu’ils soient."