Nouveau pape, nouveau nom, nouvel héritier d'une histoire et d'une tradition. Le nom papal choisi par un cardinal qui quitte l'habit rouge pour le blanc n'est jamais un acte anodin. Il est chargé d'histoire et de symboles. Il est le premier indicateur de la pensée du souverain pontife qui souhaite ainsi s'inscrire dans un courant, tracer une nouvelle fois ou creuser un sillon déjà bien emprunté par ces prédécesseurs.
Le cardinal américain Robert Francis Prevost, 69 ans, a choisi Léon XIV comme nom papal. L'information a été donnée très directement au balcon de la basilique St-Pierre lorsque le pape a été présenté au public. Léon XIV rappelle très directement un pape récent, Léon XIII, dans lequel il semble se reconnaître. Ce dernier, Vincenzo Gioacchino Pecci, fut pape entre 1878 et 1903. Son pontificat fut l'un des plus longs de l'histoire, avec ceux de Pie IX et de Jean-Paul II. Homme de son époque, il a été à l'origine de plusieurs encycliques : Arcanum divinæ, une première encyclique sur le mariage dans laquelle il s'est attaché à condamner le divorce, Humanum Genus où il critique la franc-maçonnerie ou encore In Plurimis où il s'est opposé à l'esclavage et la traite humaine.
En 1881, Léon XIII a ouvert les lourdes portes des archives du Vatican à la libre consultation des chercheurs et universitaires. Il a aussi travaillé à rassembler les différentes églises, notamment les églises orientales, avec Rome. Prudent, intellectuel et savant, il fut aussi un contemporain d'une figure bien connue des Français, la future sainte Thérèse de Lisieux, qu'il avait rencontré en 1887.
L'autre grand Léon de la chrétienté est le premier d'entre eux, Léon Iᵉʳ le Grand, ou Saint-Léon, évêque de Rome de 440 à 461.Très populaire et influent, il est notamment connu pour un épisode historique célèbre. Le pape Léon a rencontré Attila en 452 à Mantoue où il a persuadé le terrible conquérant de faire demi-tour. Un succès diplomatique qui s'est associé à une certaine pression militaire de l'armée de l'empereur byzantin Marcien. Il est, avec Grégoire Iᵉʳ et Nicolas Iᵉʳ, le seul pape auquel a été attribué le qualificatif de "grand". Dans ses textes qui ont été retrouvés en partie par les historiens, Léon prônait le jeûne, la générosité et il asseyait son autorité de son statut d'héritier direct de Pierre, Pierre qui tenait son autorité sur l'Église de Jésus lui-même. Saint Léon a permis le premier missel qui est devenu le Sacramentaire léonien, compilation de textes liturgiques des Ve, VIe et VIIe siècles. Il a été proclamé "docteur de l'Église" en 1754 comme un certain... Benoît XIV.
L'Américain Robert Francis Prevost, 69 ans, devenu le premier pape originaire des États-Unis de l'Histoire, est un homme d'écoute et de synthèse, classé parmi les modérés, et connaissant autant le terrain que les rouages du Vatican. "Dieu nous aime, Dieu vous aime tous, et le mal ne prévaudra pas", a-t-il lancé lors de son premier discours rassembleur et se voulant rassurant face à un monde en pleine mutation et déchiré par les guerres. Il a également appelé à "construire des ponts par le dialogue, par la rencontre, nous unissant tous pour être un seul peuple, toujours en paix".
Le souverain pontife a été élu à l'issue d'un scrutin qui s'annonçait très ouvert, du fait notamment du nombre record de cardinaux présents. Il a réussi à réunir une majorité des deux tiers, c'est-à-dire au moins 89 voix, sur son nom. Mais du fait du secret absolu entourant le conclave, les détails du scrutin ne sont pas connus. Il succède ainsi à François, décédé le 21 avril à l'âge de 88 ans, après un pontificat de 12 ans.
La réunion des cardinaux avait débuté mercredi soir, au terme d'un cérémonial extrêmement codifié, et dans un isolement drastique : aucun téléphone portable n'était autorisé, et les réseaux de télécommunication étaient coupés entre les murs de la Cité du Vatican. Sous les fresques de la chapelle Sixtine, un nombre record de 133 prélats issus de 70 pays se sont retrouvés, dont beaucoup issus des "périphéries" chères au pape François qui avait nommé quelque 80% du conclave.
Le nouveau pape devra rapidement affronter des défis considérables pour une Église en perte de vitesse en Europe : finances, lutte contre la pédocriminalité, baisse des vocations... Mais il devra aussi ressouder les différents courants d'une institution où cohabitent des sensibilités culturelles très diverses, entre une Europe sécularisée et des "périphéries" en croissance. Il lui faudra également apaiser une institution parfois bousculée par un pontificat ponctué de réformes et de prises de paroles tranchées, qui ont fait l'objet de vives critiques internes. Lors d'une ultime messe publique mercredi matin, le doyen du collège cardinalice, l'Italien Giovanni Battista Re, avait appelé à choisir le pape "dont l'Église et l'humanité ont besoin en ce tournant si difficile, complexe et tourmenté de l'Histoire", et plaidé "pour le maintien de l'unité de l'Église".
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