450 migrants ont encore été secourus vendredi 2 janvier au large de l'Italie, alors qu'ils dérivaient sur un cargo abandonné par l'équipage. Les réfugies à bord du navire ont été repérés par les garde-côtes italiens, qui sont venus reprendre le contrôle de l'appareil, abandonné par l'équipage.
Pas moins de trois cargos, chargés au total de près de 2.000 personnes, hommes, femmes et enfants, en majorité originaires de Syrie, ont débarqué sur les côtes italiennes depuis le 20 décembre.
Désormais, les migrants ne traversent plus la Méditerranée sur des embarcations de fortune ou des chaloupes surchargées - dont beaucoup coulaient avant d'atteindre leur but - comme on a pu le voir à de nombreuses reprises ces derniers mois. Cette fois, il s'agit de cargo de plus de 80 mètres de long. Ces appareils sont toujours en activité et aptes à la navigation.
On est face à des mafias très organisées
François Gemène
Pour François Gemène, spécialiste des flux migratoires, c'est la preuve que l'immigration clandestine est passée à un autre niveau. "Ici on est vraiment face à des trafiquants sans fois ni loi, à des réseaux criminels avec des moyens considérables, qui leur permettent d'acheter ces gros cargos, raconte-t-il. Cela demande d'avoir énormément d'informateurs et de relais. On est face à des mafias très organisées"
Car leur business est très lucratif. Pour voyager sur ces cargos, les migrants ont déboursé chacun entre 3.000 et 5.000 dollars. Pour le navire qui transportait 800 migrants, on estime à près de 4 millions de dollars le butin récolté par les trafiquants.
De quoi acheter le navire et surtout des complices dans les ports. Pour embarquer sur de tels vaisseaux, il est quasiment impossible que les migrants montent à bord en pleine mer. Il leur faut un port. Il faut aussi avoir les capacités et les contacts nécessaires pour repérer des navires vieillissants et les acheter à des propriétaires peu regardant.
Et s'ils sont autorisés à naviguer, c'est parce que ces appareils ne sont pas des bateaux fantômes. Ils sont vieux, mais toujours en activité.
"Soyons réalistes, c'est pratique, explique Jacky Bonnemains, de l'association Robin des bois. Vous avez un vieux rafiot, qui n'est surveillé par personne, qui n'est pas surveillé par son pavillon puisqu'il est du Sierra Leone. C'est un bateau qui pouvait transporter 400 têtes de bétails, ils pouvait en faire autant avec 500 ou 600 hommes", dénonce-t-il au sujet du dernier en date, l'Ezadeem.
Ensuite, les trafiquants utilisent le droit maritime international pour abandonner les migrants en pleine mer Méditerranée, laissant aux marines grecque ou italienne le soin de les secourir. D'ailleurs, il n'est pas rare que les passeurs, avant de s'enfuir, laissent à bord un téléphone satellite pour que les naufragés appellent eux-mêmes les secours.
Ce nouveau business de l'immigration clandestine s'appuie aussi sur une demande. Les candidats à l'immigration sont de plus en plus nombreux. Et ceux qui ont les moyens n'hésitent pas à payer plus cher pour une traversée qu'ils estiment plus sûre en cargo que sur les embarcations de fortune.
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