Alors qu'on le croyait mort depuis 24 heures, il est apparu en chair et en os lors d'une conférence de presse, vêtu d'un sweat noir à capuche. Mercredi 30 mai, le journaliste russe Arkadi Babtchenko, a expliqué au monde entier avoir mis en scène son propre assassinat avec l'aide des autorités ukrainiennes.
L'opération minutieusement préparée, s'était déroulée la veille sans éveiller aucun soupçon, faisant même les gros titres des médias internationaux. Selon les informations relayées - à tort - par ses proches et les autorités ukrainiennes, Arkadi Babtchenko avait été abattu de trois balles dans le dos alors qu'il rentrait chez lui. Sa femme l'avait alors retrouvé ensanglanté et avait appelé les secours.
Le régime de Vladimir Poutine, que le reporter de guerre avait fui en février 2017, a été immédiatement soupçonné d'avoir commandité son assassinat.
Soldat russe lors des deux guerres en Tchétchénie, Arkadi Babtchenko est devenu un reporter de référence, couvrant principalement le conflit en Ukraine. Il est également auteur de plusieurs livres, dont un racontant son expérience au sein de l'armée russe, intitulé La couleur de la guerre, publié en 2009.
Dénonçant régulièrement le régime de Vladimir Poutine, Arkadi Babtchenko se disait "harcelé" et menacé de mort. C'est pourquoi, en février 2017, il quitte la Russie pour la République Tchèque, puis Israël avant de s'installer à Kiev en Ukraine, où il anime une émission de télévision.
Arkadi Babtchenko a expliqué avoir eu recours à ce stratagème afin de déjouer une tentative d'assassinat réelle. Le député urkainien Anton Guerachtchenko, a expliqué que cette mise en scène était nécessaire pour "remonter et documenter toute la chaîne, du tueur à gages aux organisateurs et aux commanditaires", en les persuadant que "la commande a bien été exécutée".
Selon les autorités ukrainiennes, cette technique a fonctionné. Le chef des Services de sécurité ukrainiens (SBU), Vassyl Grytsak, a affirmé qu'un Ukrainien recruté par les "services de sécurité russes" et présenté comme l'"organisateur" avait été arrêté. Les autorités n'ont toutefois fourni aucune information sur son identité. Cet homme devait ensuite préparer les assassinats d'une trentaine d'autres personnes, essentiellement des Russes exilés en Ukraine, a affirmé M. Grytsak.
Malgré cet apparent succès et le soulagement provoqué par la nouvelle, Reporters sans frontières s'est inquiété de cet événement. "Il est navrant et regrettable que les services ukrainiens aient joué avec la vérité, que qu'en soit le motif", regrette le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF). "Ça ne fait pas avancer la liberté de la presse. Il suffit d'une simulation pour jeter une ombre sur toutes les affaires d'assassinats politiques", a-t-il poursuivi. "Il y a eu un mensonge d'Etat, même s'il a été bref", a-t-il insisté.
Le représentant pour les médias de l'Organisation pour la sécurité et coopération en Europe (OSCE) a "déploré la décision de répandre des fausses informations sur la vie d'un journaliste". "Après le 'meurtre' de Babtchenko, il deviendra plus difficile de croire non seulement les médias mais les confirmations officielles", a constaté le journal libéral russe Vedomosti.
Se disant "soulagée", l'Union européenne a dit attendre "plus de détails" sur cette opération.
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