Alors que le chef de la diplomatie américaine John Kerry a envisagé dimanche de négocier avec le président syrien Bachar al-Assad, Laurent Fabius a estimé ce lundi 16 mars que cela reviendrait à "faire un cadeau absolument scandaleux" au groupe État islamique. "La solution" au conflit syrien, "c'est une transition politique qui doit préserver les institutions du régime, pas monsieur Bachar al-Assad", a déclaré le ministre des Affaires Étrangères à l'issue d'une réunion à Bruxelles.
"Toute autre solution qui remettrait en selle monsieur Bachar al-Assad serait un cadeau absolument scandaleux, gigantesque aux terroristes de Daesh", l'acronyme en arabe de l'État islamique (EI), a-t-il ajouté. "Les millions de Syriens qui ont été persécutés par Bachar al-Assad se reporteraient pour soutenir Daesh", a fait valoir le ministre. "C'est évidemment ce qu'il faut éviter."
John Kerry avait affirmé dimanche qu'"au final, il faudra négocier" avec le chef d'État syrien pour mettre fin au conflit qui a fait plus de 215.000 morts en quatre ans. "S'il est prêt à engager des négociations sérieuses sur la façon d'appliquer (le processus de paix de) Genève I, bien sûr", a-t-il ajouté. Une porte-parole du département d'État a toutefois précisé qu'il n'y avait eu aucune modification de la position américaine et qu'il "n'y a pas d'avenir pour un dictateur brutal comme Assad en Syrie".
Laurent Fabius a indiqué qu'il s'était entretenu lundi matin avec John Kerry, et que celui-ci "a assuré qu'il n'y avait absolument rien de nouveau dans la position américaine sur la Syrie". "Dont acte", a dit le ministre français. "Mais de toutes les manières, la France est un pays indépendant et notre politique extérieure par rapport au drame épouvantable qui se passe en Syrie n'a pas changé". Selon lui, "la seule solution réaliste" est "une transition politique" qui doit "intégrer bien sûr l'opposition", tout en préservant les institutions du régime.
La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a pour sa part rappelé la position de l'Union européenne, indiquant que "travailler à une solution durable" au conflit syrien passait "évidemment (...) par des représentants du régime d'Assad". "J'imagine que John Kerry s'est exprimé dans ce sens. Je ne pense pas qu'il faisait référence à Bachar al-Assad lui-même", a-t-elle ajouté.
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