Des proches des plus hauts dirigeants chinois, dont le président Xi Jinping et l'ex-Premier ministre Wen Jiabao, ont dissimulé des sommes colossales dans des paradis fiscaux, révèlent des journalistes. Des révélations d'autant plus fracassantes qu'en Chine, la richesse des dirigeants reste un sujet tabou, les plus hauts responsables du régime communiste étant officiellement supposés servir le peuple de façon désintéressée.
Selon les documents financiers obtenus par le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ), basé à Washington, près de 22.000 clients originaires de Chine populaire ou de Hong Kong sont impliqués dans des compagnies "offshore". On trouve dans la liste des millionnaires issus du monde des affaires, dont Yang Huiyan, la femme la plus riche de Chine, ou encore Pony Ma et Zhang Zhidong, fondateurs du géant de l'internet Tencent. Mais les 2,5 millions de dossiers confidentiels décortiqués par l'ICIJ révèlent également un véritable "who's who" de l'élite politique de la deuxième économie mondiale.
On y trouve des
membres de l'Assemblée nationale populaire (ANP), le parlement chinois,
ainsi que des proches de l'ancien président Hu Jintao, de l'ancien
Premier ministre Li Peng, et de Deng Xiaoping, qui avait supervisé
l'ouverture de l'économie chinoise dans les années 1980. Sont
également impliqués des proches de Xi Jinping, l'actuel chef de État, et
de Wen Jiabao, Premier ministre de 2003 à 2013, qui avaient déjà été
éclaboussés en 2012 par de longues enquêtes de l'agence Bloomberg et du
New York Times sur la fortune colossale de leurs familles.
Selon l'ICIJ, Deng Jiagui, richissime promoteur immobilier et investisseur ayant épousé en 2006 la sœur aînée de Xi Jinping, possède 50% d'une société immatriculée aux îles Vierges britanniques, nommée Excellence Effort Property Development.
De son côté, Wen Yunsong --fils de Wen Jiabao-- a constitué en 2006 dans le même paradis fiscal une société dont il était l'unique actionnaire.
Bien que de telles sociétés
et trusts "peuvent ne pas être tout à fait illégaux", ils recouvrent
souvent "des confits d'intérêts et se servent de relations au cœur du
gouvernement", a indiqué à l'ICIJ Minxin Pei, professeur au Claremont
McKenna College.
Ces révélations interviennent quelques jours après la publication à Hong Kong d'une lettre de Wen Jiabao, où ce dernier clamait son "innocence" et se défendait de toute malversation après de récentes informations de presse sur sa fille.
En novembre, le New York Times avait affirmé que la banque américaine JPMorgan Chase avait employé comme consultante Wen Ruchun, la fille de Wen, possiblement en vue d'obtenir de juteux contrats en Chine. JPMorgan, dont la politique d'embauche de parents de divers dirigeants chinois fait l'objet d'une enquête des autorités américaines, a ainsi versé au total 1,8 million de dollars d'honoraires au cabinet de conseil de Wen Ruchun entre 2006 et 2008, précisait le quotidien.
Les documents révélés ce mercredi 22 janvier par l'ICIJ mettent en lumière la manière dont Wen Ruchun, qui opérait sous le pseudonyme de "Lily Chang", a pu brouiller les pistes pour dissimuler toute connexion entre son père et sa société. Baptisée Fullmark Consultants, celle-ci avait en effet été établie aux îles Vierges britanniques en 2004 par son mari Liu Chunhang. Celui-ci en était l'unique directeur et actionnaire jusqu'en 2006, année il s'est vu offrir un poste... à l'autorité chinoise de régulation des banques.
Selon
l'ICIJ, 90% des clients de Chine continentale ont constitué des entités
"offshore" aux îles Vierges britanniques, souvent avec l'aide de firmes
occidentales, parmi lesquels les établissements helvètes UBS et Crédit
suisse, mais également le géant du conseil PricewaterhouseCoopers (PwC). Quelque
7% d'entre eux se sont établis aux îles Samoa, et 3% dans d'autres
zones. Les documents obtenus par l'organisation font également état de
16.000 clients taïwanais dans des paradis fiscaux.
Sans surprise,
le site internet de l'ICIJ était inaccessible ce mercredi en Chine, tout
comme les sites de médias ayant collaboré à son travail d'investigation
-- parmi lesquels le quotidien britannique The Guardian, le français Le
Monde et le hongkongais Ming Pao.
Parmi la cinquantaine
d'organisations partenaires de l'ICIJ figurait originellement un média
de Chine continentale, mais celui-ci a dû se retirer en novembre après
que les autorités l'ont enjoint de "ne rien publier qui soit tiré de ces
sources" compromettantes pour le pouvoir.
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