Plusieurs localités de province étaient en proie à des violences samedi et des habitants appelaient au secours les forces internationales à l'avant-veille de l'élection d'un nouveau président censée stabiliser la Centrafrique après dix mois de chaos.
"Il y a des violences un peu partout, à Bouar (ouest, près de la frontière camerounaise), Sibut (au nord de Bangui), Boali (au nord-ouest)", a reconnu un officier de la Misca, la force africaine. "Les gens sont dans une situation de désespoir et plus on va aller vers l'élection plus ça va aller crescendo. Notre hotline est saturée, on essaye de faire ce qu'on peut mais on ne peut pas mettre un militaire dans chaque maison".
"Il est vrai qu'au moment des changements politiques, il faut être
extrêmement vigilant. C'est ce que nous allons faire lundi", a déclaré
samedi le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, tout
affirmant que depuis le début de l'opération Sangaris début décembre,
"le niveau de tension a considérablement baissé".
Quelque 4.400 hommes de la Misca et 1.600 soldats français tentent
de rétablir l'ordre en Centrafrique, plongée dans la violence et la
haine intercommunautaire depuis que les ex-rebelles Séléka ont pris le
pouvoir en mars 2013. Mais ils sont essentiellement déployés à Bangui où le Parlement
provisoire préparait l'élection d'un président de transition. Le vote
prévu lundi doit combler le vide laissé par la démission forcée le 11
janvier de Michel Djotodia, sous la pression internationale.
"Je lance un cri d'alarme. Ca tire et nous sommes terrorisés", a
déclaré samedi matin un habitant de Sibut, à 160 km au nord de
Bangui: "Les Séléka règnent en seigneurs de guerre dans la ville, et il
n'y a aucune force étrangère pour nous protéger". Selon lui, "la
majorité des habitants se sont réfugiés en brousse". La gare routière, le marché, ont été ravagés et les violences qui
ont démarré vendredi matin ont fait au moins trois morts, "mais il y en
a certainement plus dans les quartiers", a-t-il ajouté. Selon une source religieuse à Bangui, la paroisse de Sibut a été
également attaquée par les Séléka. "On a tenté de joindre la Misca et
Sangaris pour un secours rapide, mais pour le moment il n'y a
personne", a-t-elle dit. Contactée, la Misca a indiqué qu'une de ses unités faisait route vers Sibut.
Selon la source religieuse, d'autres incidents étaient en cours à
Bossemptélé, près de la frontière camerounaise à l'ouest où la paroisse
a été saccagée et pillée. A Boali également, à 90 km au nord-ouest de Bangui, la situation
restait très tendue malgré l'opération lancée vendredi par Sangaris sur
l'axe routier qui rejoint le Cameroun depuis la capitale, vital pour
l'approvisionnement en matériel et denrées alimentaires. "Des centaines de Peuls (nomades musulmans) effrayés sont réfugiés
dans mon église", a déclaré "au téléphone l'abbé Boris Wiligale.
"Trois musulmans dont une femme ont été tués par les anti-balaka et
un chrétien qui revenait des champs a été tué par des Séleka", selon
lui. Selon le lieutenant-colonel Thomas Mollard, responsable de la
communication de Sangaris, "plus d'une centaine d'hommes sont
directement impliqués sur le terrain entre Bangui et Bossembélé (à 150
km au nord-ouest), avec des forces de la Misca, pour faire cesser les
exactions".
Mais dans un pays grand comme une fois et demie la France, il est
quasiment impossible aux forces internationales de se déployer dans les
zones reculées. Pendant ce temps à Bangui, les parlementaires ont clôturé le dépôt
des candidatures - dont la liste sera publiée dimanche- à l'élection du
futur président. Le Drian a dit attendre du nouveau président une "stabilisation"
du pays et qu'il soit "un référent politique", afin de "mener à bien
les orientations prises par le Conseil de sécurité des Nations unies,
c'est-à dire: désarmement, aide humanitaire, processus politique".
En tout, 24 candidats ont déposé leurs dossiers, dont la maire de
Bangui Catherine Samba Panza, Sylvain Patassé et Désiré Kolingba,
respectivement fils des présidents Ange-Felix Patassé, au pouvoir de
1993 à 2003, et André Kolingba, de 1985 à 1993. A Bangui, 23 enfants âgés de 14 à 17 ans, dont six filles, enrôlés
dans des groupes armés depuis le début de la crise, ont été remis aux
associations de protection de l'enfance, a annoncé l'Unicef.
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