C'est lui qui va prononcer la phrase culte "Je déclare ouvert les Jeux olympiques de Rio" cet été au stade Maracanã. Michel Temer va entrer dans le club du G7 des chefs d'État qui comptent. Sans doute au moins jusqu'à la fin de 2018. Car au Brésil, on ne convoque pas de nouvelles élections présidentielles. Quand le président est destitué, le vice-président prend le pouvoir. C'est donc Michel Temer, élu avec Dilma Rousseff, qui va finir son deuxième mandat.
Si les sénateurs brésiliens destituent l'impopulaire dirigeante de gauche, comme tout le monde le prévoit, personne n'imagine aujourd'hui qu'elle puisse gagner son procès puis revenir. Constitutionnellement, elle pourrait éventuellement redevenir présidente au cours des six mois. Mais "politiquement elle est morte", expliquent les analystes, selon qui "personne n'a envie de prolonger une agonie pareille". Sauf coup de théâtre extraordinaire, c'est donc Michel Temer, 75 ans, vieux renard de la politique, inconnu des Brésiliens, qui sera président du Brésil d'ici la fin de la semaine.
C’est une configuration rare pour un pays de cette importance : le Brésil va avoir un président... par accident. Michel Temer n'avait ni le charisme, ni l'assise politique pour être élu. S'il se présentait aujourd'hui, il ferait 2 ou 3%. Cet avocat de formation est le patron d'un parti centriste attrape-tout, opportuniste, qui est de tous les gouvernements depuis des décennies. Le Brésil ne se dirige pas sans son parti, mais ce n'est jamais lui qui dirige le pays.
Depuis plusieurs mois, Michel Temer se prépare. Il a définitivement trahi la Présidente Roussef en faisant fuiter ce discours, pour préparer l'opinion : "Je veux m'adresser au peuple brésilien. Je le fais avec beaucoup de prudence pour ne pas donner l'impression d'occuper la place de madame la présidente de la République. Je me suis tu autant que j'ai pu, et beaucoup m'ont sollicité pour que je parle à la nation brésilienne. C'est ce que je fais maintenant avec modestie et modération".
Ce discours, les Brésiliens l'ont appelé le "discours du trône". Pour Dilma Rousseff, c'est le discours d'un traître conspirateur. Michel Temer se pose en rassembleur des Brésiliens totalement traumatisés par les scandales politiques qui, pour l'instant, ont à peu près épargné le vice-président.
La grande question qui se pose évidemment c'est de savoir si cet homme peut relever le Brésil qui est économiquement à genoux ? Le pays est en plein naufrage et vit la pire récession qu'il ait connue depuis 1930. Toutes les crises sont là : économique, sociale, politique. Autant dire que les Jeux olympiques de Rio de cet été, les Brésiliens n'y pensent même pas.
Le système politique brésilien qui existait s'est crashé. Le futur président Michel Temer a donc deux choix, juge le politologue brésilien Alfredo Valladao. Soit il bricole comme avant, soit il essaye de changer la façon de faire de la politique d'ici 2018. Michel Temer ne pourra "empêcher le Brésil de couler, prédit le chercheur à Sciences-Po. Sa grande victoire serait d'empêcher le pays de sombrer un peu plus".
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