Le Bangladesh s'enfonçait dans la crise lundi 6 janvier au lendemain de
législatives boycottées par l'opposition et endeuillées par une nouvelle
flambée de violences, alors que la grève générale a été reconduite. Le
résultat du scrutin ne faisait aucun doute, l'Awami League au pouvoir,
et ses alliés, se présentant sans adversaires dans 153 circonscriptions
sur 300.
Le parti de la Première ministre Sheikh Hasina Wajed a remporté au moins 86 des 147 sièges restants sur 116 dont les résultats étaient connus lundi matin, ses alliés ou des indépendants s'adjugeant la différence. Mais la mort d'au moins 18 personnes dans des émeutes qui auront vu des milliers de manifestants attaquer des centaines de bureaux de vote, saccagés ou détruits par le feu, élargit la fracture politique dans cette jeune démocratie qui a connu une vingtaine de coups d'Etat depuis son indépendance en 1971.
Le
populaire Daily Star a déploré l'élection la plus sanglante de
l'histoire du pays et proclamé "la victoire sans substance" de l'Awami
League "qui ne lui donne ni mandat ni légitimité éthique pour
gouverner". L'opposition a décidé dimanche d'appeler à une
reconduite de la grève générale jusqu'à mercredi pour protester contre
"la farce électorale" et la répression qui a fait, selon elle, 22 morts
dans ses rangs.
"Nous avons appelé à la grève pour que le
gouvernement annule cette farce électorale", a déclaré Sayrul
Kabir, porte-parole du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP),
principale des 21 formations d'opposition.
"Nous protestons également contre la mort de 22 de nos militants tués par la police aujourd'hui", a-t-il ajouté. Le
quotidien New Age a appelé lundi le pouvoir au compromis, estimant que
son "intransigence" finirait par avoir des conséquences catastrophiques. "Le
pays pourrait subir la colère de la communauté et des organismes
internationaux, et même se retrouver isolé, économiquement,
diplomatiquement", a-t-il mis en garde.
Avant l'élection, les Etats-Unis, le Commonwealth et l'Union européenne s'étaient dit vivement préoccupés par le risque d'embrasement dans ce pays de 154 millions d'habitants, le huitième le plus peuplé du monde. Ils avaient renoncé à envoyer des observateurs, estimant que les conditions d'un scrutin libre et transparent n'étaient pas réunies. Les observateurs craignent désormais une inflation de violence après ces élections et certains prédisent une montée de l'extrémisme religieux dans ce pays musulman où il n'a jamais eu vraiment prise jusqu'ici.
Le BNP
réclamait la mise en place d'un gouvernement neutre et provisoire avant
l'organisation d'élections, comme ce fut le cas dans le passé, mais le
gouvernement a refusé. L'entourage de Sheikh Hasina la dit ouverte
au dialogue mais la chef de file de l'opposition, sa rivale historique
Khaleda Zia, ex-Première ministre, est en résidence surveillée depuis
plus d'une semaine. Le Bangladesh a
connu cette année les violences les plus meurtrières depuis sa création
en 1971 à la suite de son indépendance du Pakistan. Selon une ONG, elles
auraient fait jusqu'à 500 morts, dont 150 depuis le début au mois
d'octobre des grèves, des manifestations et des blocages organisés par
l'opposition pour obtenir l'annulation du scrutin.
Des dizaines de milliers de soldats avaient été mobilisés pour assurer la sécurité pendant l'élection mais le bilan est lourd puisque pas moins de 200 bureaux de vote ont été vandalisés et au moins 18 personnes ont été tuées, selon un bilan provisoire de la police. Deux des personnes tuées ont été battues à mort en protégeant les bureaux de vote dans des districts du nord du pays où l'opposition nationaliste est très implantée.
Les autres victimes fatales de ces heurts sont des
militants de l'opposition abattus par les forces de l'ordre et un
chauffeur de camion qui à péri dans son véhicule incendié par des
assaillants. Le scrutin a été annulé ou suspendu dans au moins 436 des 18.000 bureaux, selon la commission électorale.
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