Cinq jours après les raids américains, français et britanniques, l'enquête de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques n'a toujours pas commencé en Syrie. Du côté occidentale, on accuse le régime de Damas et les forces russes de faire obstruction à l'entrée de la ville de Douma, touchée par l'attaque chimique présumée du 7 avril.
Mardi 17 avril, une équipe de sécurité de l'ONU a essuyé des tirs alors qu'elle effectuait une mission de reconnaissance pour préparer le déploiement d'experts, selon un responsable sous couvert d'anonymat qui précise que personne n'a été blessé.
Les États-Unis soupçonnent Moscou d'avoir "manipulé" le site de la ville. "Nous craignons qu'ils ne l'aient altéré dans l'intention de contrecarrer les efforts de la mission de l'OIAC pour mener une enquête efficace", a déclaré l'ambassadeur, Ken Ward, lors d'une réunion à La Haye, le 16 avril. Même chose pour Paris qui juge "très probable que des preuves et des éléments essentiels disparaissent" du site.
En face, les forces alliées de Damas se sont dites "étonnées" de ces déclarations. "Premièrement, la Russie s'est prononcée justement pour envoyer le plus vite possible une inspection de l'OIAC" à Douma, a rappelé la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova. "Deuxièmement, sans être organisateur de ce voyage, la partie russe a apporté toute l'assistance nécessaire pour qu'il puisse avoir lieu", a-t-elle aussi souligné.
"Troisièmement, l'accès des inspecteurs a été compliqué par le fait que des combattants restent encore à Douma, et l'ONU souhaitait avoir des garanties supplémentaires de sécurité", a-t-elle poursuivi avant de conclure : "Et quatrièmement, il n'est pas clair pourquoi le ministère français des Affaires étrangères parle au nom de l'OIAC et des inspecteurs. Si les inspecteurs avaient fait face à des problèmes, ils auraient fait eux-mêmes une déclaration à ce sujet". Et Moscou, grand allié de Damas, s'est engagé lundi à "ne pas s'ingérer" dans le travail de la mission de l'OIAC, officiellement invitée par les autorités de Damas.
La mission de l'OIAC "n'a pas encore été déployée à Douma", a annoncé lundi 16 avril à La Haye le directeur de l'organisation, Ahmet Uzumcu, lors d'une réunion d'urgence des États membres du conseil exécutif. La Syrie et la Russie ont invoqué des "problèmes de sécurité", a-t-il ajouté.
Les frappes occidentales, d'une ampleur inédite, sont intervenues malgré la présence en Syrie des enquêteurs de l'OIAC qui ont débuté dimanche leur mission dans le plus grand secret. Ces experts ont pour mandat d'enquêter sur l'utilisation éventuelle d'armes chimiques, mais pas d'en identifier les auteurs.
Leur travail s'annonce compliqué, plus d'une semaine après les faits, dans une zone passée depuis sous le contrôle du régime syrien et de la police militaire russe. Les derniers combattants rebelles de Douma ont quitté samedi la ville en ruines dans le cadre d'un accord de reddition signé le 9 avril, deux jours après l'attaque présumée.
Le Royaume-Uni a quant à lui exhorté l'OIAC à "demander des comptes aux auteurs de l'attaque", sans quoi le monde risquerait "d'autres utilisations barbares d'armes chimiques, en Syrie et ailleurs". "Le régime syrien a une réputation odieuse d'utiliser des armes chimiques contre son propre peuple", a déclaré l'ambassadeur britannique à La Haye Peter Wilson. Désormais, la priorité est le démantèlement total du programme chimique syrien, a déclaré l'ambassadeur français à La Haye, Philippe Lalliot.
"Les faits sont là et têtus. Ils résistent aux mensonges les plus grossiers et aux dénégations les plus absurdes", a-t-il lâché, ajoutant qu'il n'y avait plus de doutes : "La Syrie a conservé un programme chimique clandestin depuis 2013" et l'attaque au gaz sarin dans la Ghouta qui déjà avait fait plusieurs centaines de morts.
Le régime syrien nie toujours que des armes chimiques aient été employées dans le drame de Douma, qui a fait au moins 40 morts et des centaines de blessés, selon les secouristes.
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