L'espoir aura été de courte durée. Quelques heures seulement après la signature d'un cessez-le-feu entre le Cambodge et la Thaïlande, sous l'égide de la Malaisie, la trêve aurait déjà été violée, a affirmé Bangkok, ce mardi 29 juillet.
La veille, les deux pays étaient tombés d'accord pour mettre fin à près d'une semaine de sanglants combats frontaliers. Le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim avait annoncé que Bangkok et Phnom Penh étaient parvenus à "un accord commun prévoyant un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel" à partir de 00 h, ce mardi (19 h, lundi, heure française).
Mais l'armée thaïlandaise a fait état, ce mardi, de "troubles [...] causés par la partie cambodgienne" dans la zone de Phu Makua, ayant "conduit à un échange de tirs entre les deux parties qui a continué jusqu'à ce matin". D'autres affrontements se sont produits ailleurs jusqu'à 05 h 30 (00 h 30, heure française), a affirmé un porte-parole de l'armée thaïlandaise dans un communiqué.
"Cela constitue une violation délibérée de l'accord et une tentative claire de saper la confiance mutuelle", a-t-il ajouté dans un communiqué. "La Thaïlande est contrainte de répondre de façon appropriée en exerçant son droit à la légitime défense."
Côté cambodgien, la porte-parole du ministère de la Défense Maly Socheata a pour sa part déclaré qu'il n'y avait eu "aucun affrontement armé [...] dans quelque région que ce soit". "Le front se calme depuis [l'entrée en vigueur du] cessez-le-feu" à 00 h, a déclaré le Premier ministre cambodgien Hun Manet mardi matin sur Facebook.
Malgré cette accusation et ce démenti, les deux parties procèdent, ce mardi matin, à des rencontres entre commandants militaires locaux le long de la frontière, comme prévu dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu, ont-elles annoncé.
Le Premier ministre cambodgien Hun Manet avait quant à lui écrit plus tôt sur Facebook que "la ligne de front se calme depuis le cessez-le-feu".
Et un journaliste de l'AFP dans la ville cambodgienne de Samraong, à 20 kilomètres de la frontière, avait fait état d'une accalmie peu avant minuit après une journée de tirs d'artillerie incessants.
Le Premier ministre thaïlandais par intérim, Phumtham Wechayachai, avait salué l'intervention de la Malaisie, qui occupe la présidence tournante de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean), de la Chine et du "président Donald Trump". "Nous sommes convenus d'un cessez-le-feu, qui, nous espérons, sera respecté de bonne foi par les deux parties", a-t-il déclaré.
De son côté, le Premier ministre cambodgien Hun Manet avait jugé que cet accord de paix offrait une chance d'un "retour à la normale".
Un espoir prudent dominait parmi les déplacés, des deux côtés de la frontière, après l'annonce du cessez-le-feu. Au Cambodge, Phean Neth, 45 ans, a trouvé refuge dans un vaste camp de déplacés sur le site d'un temple, loin des combats. "Je suis tellement heureuse que je ne peux pas le décrire".
Côté thaïlandais, Tee Samanjai, 68 ans, pense déjà à son retour à la ferme et à ce qu'il y fera : "vérifier les poulets, fertiliser le riz, et prendre soin des champs". Mais l'inquiétude n'est pas loin. "Je veux rentrer mais je n'ai pas du tout confiance dans le Cambodge. Personne dans notre village n'a confiance".
Bangkok et Phnom Penh étaient à couteaux tirés depuis la mort d'un soldat khmer, fin mai, lors d'un échange de tirs dans une zone contestée. Depuis, sur fond de flambée du discours nationaliste, les deux pays se sont engagés dans une surenchère de mesures qui ont affecté les flux économiques et de personnes. Les affrontements ont fait au moins 38 morts depuis jeudi et provoqué le déplacement d'environ 300.000 habitants. Les deux royaumes d'Asie du Sud-Est s'opposent depuis des décennies sur le tracé de leur frontière commune, définie au temps de l'Indochine française.
Mais rarement dans l'histoire récente un tel épisode de violences avait secoué la région. La Thaïlande et le Cambodge se sont accusés mutuellement d'avoir attaqué en premier, et chaque camp a remis en cause la sincérité de l'adversaire, avant de s'asseoir à la table des négociations.
Avant le déclenchement des affrontements, la Thaïlande avait aussi expulsé l'ambassadeur cambodgien de son territoire et rappelé le sien présent au Cambodge. Le royaume khmer avait répondu en dégradant "au plus bas niveau" les relations diplomatiques avec son voisin.
Les affrontements ont officiellement fait 25 morts côté thaïlandais, dont onze soldats, et 13 morts, dont cinq militaires, côté cambodgien. Plus de 138.000 Thaïlandais ont évacué les zones à risques, selon Bangkok, et plus de 140.000 Cambodgiens ont fait de même, d'après Phnom Penh.
L'accord de cessez-le-feu prévoit la tenue d'une réunion d'un comité transfrontalier au Cambodge le 4 août.
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