Une brique de lait qui pourrait résoudre la crise des producteurs français

Ce sont des briques de lait dont le consommateur a lui-même fixé le prix le prix. Sur internet, mi-août, on a demandé aux consommateurs de répondre à une petite dizaine questions clés : "Pour votre lait, voulez-vous qu’il vienne de France ? Que l’alimentation des vaches soit sans OGM ? Que les vaches soit en étable ou en pâturage, ou non ?". En fonction de ces choix, le prix augmente ou diminue. Enfin question cruciale : "Voulez-vous que l’agriculteur 1/ soit payé au cours mondial du lait, 2/ ne perde pas d’argent ?, 3/ soit payé "convenablement", 4/ voulez-vous payer 2 centimes de plus pour que l’agriculteur prenne des vacances de temps en temps ? Sur les 6.000 consommateurs, 44% ont voté "convenablement" et plus encore 48% se sont déclarés prêts à payer des vacances aux agriculteurs.

Une brique de lait qui, au final, va coûter les yeux de la tête ? Son prix : 99 centimes d'euro. C’est n’est pas du lait bio. C'est une brique de lait équitable que vous trouverez chez Carrefour le 15 octobre, d’abord dans la région lyonnaise. Sur ces 99 centimes, 39 iront au producteur qui, d’habitude, touche 20 centimes par brique. C’est un as du marketing, Nicolas Chabannes, qui a eu l’idée de passer par le consommateur pour relever le prix du lait. Vous vous souvenez des "gueules cassées" ? Les légumes moches, c’était lui. Là, il a créé une nouvelle marque intitulée "C’est qui le patron ?", pour redonner du pouvoir au client.

Le consommateur ne veut pas être complice d'une situation dramatique pour les producteurs de lait

Nicolas Chabannes, promoteur de la brique de lait équitable

"Le consommateur ne veut pas être complice d'une situation dramatique pour les producteurs de lait", explique Nicolas Chabannes. "L'énorme bonus de l'opération c'est qu'on ne lui dit pas 'donne quelques centimes en charité'. Il accède à quelque chose qu'il n'avait jamais eu, toutes les informations : comment est fait ce lait, par qui, où ? Si cette équation, qui coûtera 3 à 4 euros par an à un consommateur, est résolue, la crise laitière n'existe plus", assure-t-il.

Il y a déjà 51 producteurs de lait dans la région de Mâcon qui y croient. C’est leur lait qui sera dans ces briques. "Depuis la semaine dernière, on vend le lait quasiment deux fois plus cher", nous a confirmé Martial Darbon. "Cette solution est vraiment innovante", s’enthousiasme la branche lait de la FNSEA. Nicolas Chabannes est persuadé que les ventes vont suivre et vont obliger Lactalis et les autres à changer de comportement. Il a déjà prévu de lancer un jus de pomme équitable. La coopérative de Nicolas Chabannes touchera, comme pour le lait, 5% de commission.