Édouard Philippe reprend la main sur le dossier SNCF et va préciser dans les prochains jours comment l'Etat va prendre en charge progressivement la dette de la compagnie. Les syndicats estiment que c'est une première victoire face au gouvernement.
C'est en effet un désaveux pour Élisabeth Borne. Mais concéder maintenant, c'est mieux que céder dans un mois quand il n'y aura plus rien à négocier. Ce qui se joue désormais d'un point de vue politique, c'est la suite de l'agenda des réformes. Le gouvernement ne peut pas sortir trop abîmé de ce conflit s'il veut passer derrière la réforme des retraites notamment.
La loi qui entérine la fin du statut a été votée et ça sert de socle au gouvernement. Mais maintenant, on va pouvoir glisser quelques brèches. Le texte de loi passera dans un mois au Sénat et on pourra alors apporter les quelques modifications obtenues à Matignon pour permettre à l'UNSA et à la CFDT de sortir de la grève dans les prochaines semaines en disant que la concertation a payé.
Ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'on assiste à un mouvement de grève à la SNCF qui ressemble de plus en plus à un conflit Air France, avec les pilotes d'un côté et le reste du personnel de l'autre. Aujourd'hui, ceux qui se mobilisent et qui bloquent les trains, ce sont les "roulants", comme on a les pilotes dans la compagnie aérienne. L'issue du conflit passera donc sans doute, comme chez Air France, par un traitement un peu privilégié de cette population.
La solution à la crise passera par une prise en charge de la dette de la SNCF et ça ne peut plus se régler qu'à Matignon. La dette, c'est un dossier très délicat car celle de SNCF Réseau représente 46,6 milliards d'euros, quasiment le budget de l'Éducation Nationale. C'est l'héritage du "Tout TGV" de ces 40 dernières années.
Il va maintenant falloir déterminer comment la dette sera reprise et à quel rythme. Et là, Edouard Philippe a encore été très maladroit dans sa formulation en disant que cela demanderait un effort supplémentaire au contribuable. Il a agi en politicien en se disant que c'était un moyen de faire pencher l'opinion publique contre ce mouvement des cheminots. Matignon a dû rectifier dans la foulée en expliquant qu'il n'y aurait pas d'impôt nouveau pour payer la dette de la SNCF.
La réalité, c'est que, bien entendu, le remboursement de cette dette sera supporté par l'État et donc par les contribuables français. Toute la subtilité maintenant, c'est de faire en sorte de reprendre en douceur et de limiter son coût. Chaque année, les intérêts d'emprunt pour rembourser cette dette coûtent, à eux seuls, 1 milliard et demi. Mais cela reste une goutte d'eau comparé à la dette globale de la France puisque l'État rembourse chaque année 40 milliards d'intérêts. Mais c'est la goutte d'eau qui peut faire déborder le vase budgétaire. Il faut donc négocier avec nos voisins européens pour qu'on comptabilise la dette à part.
D'autant qu'Édouard Philippe va aussi devoir annoncer des investissements pour renouveler le réseau des trains du quotidien et des petites lignes. Peut-être 200 ou 300 millions par an. C'est un argument essentiel vis à vis de l'opinion publique : montrer que le gouvernement n'oublie pas les petites villes, les campagnes et qu'il n'est pas le fossoyeur des petites lignes.
Les Français ont peur que le changement de statut de la SNCF soit le signal de la fin du service public auquel ils sont attachés. Ce qu'Olivier Besancenot a très bien compris en disant qu'on est tous le cheminot de quelqu'un. Il avait réussi à rendre le combat des cheminots universel pour la société française. Et ça marche.
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