Revenu universel : en attendant l'expérimentation finlandaise
ÉDITO - Il est beaucoup question de mettre en place cette allocation. Mais que recouvre-t-elle précisément ?

Il y a diverses appellations (revenu universel, revenu de base, revenu d'existence), mais un seul projet : doter, de la naissance à la mort, chaque citoyen d'un revenu intangible et inconditionnel. L'équivalent d'un salaire qui ne serait jamais soumis aux effets de seuil, aux variations politiques ou aux fluctuations budgétaires. En échange, on rationalise et on supprime l'essentiel des centaines d'aides sociales dont on ne cerne pas toujours précisément les bénéficiaires et leur efficacité. Attention : ce n'est pas qu'un débat de gros sous. Le revenu universel est sous-tendu par des projets de sociétés. Le paradoxe, c'est qu'il y en a à droite et à gauche.
Un revenu universel permettrait, en théorie, de répondre à trois grands problèmes actuels. D'abord s'attaquer réellement au phénomène de pauvreté, et plus encore à celui des travailleurs pauvres. Ils sont plus d'un million en France. Par ailleurs, deux-tiers des personnes éligibles au RSA activités n'en bénéficient pas. C'est trop complexe ou trop intimidant. Deuxième point : cela ferait bouger les lignes de l'activité. Aujourd'hui, accepter un job à 500 euros se traduit par une baisse du RSA de 190 euros. Enfin, cela pourrait réduire massivement les frais de gestion et d'administration de notre système social, et accessoirement de lutter efficacement contre les fraudes.
La France est l'un des pays au monde où la redistribution sociale est la plus importante
Christian Menanteau
En France un rapport ministériel et une mission sénatoriale éclairent le dossier. Mais il faudra en réalité attendre les expérimentations finlandaise et néerlandaise qui arrivent pour mieux en comprendre les effets positifs et négatifs dans la vraie vie. La France est l'un des pays au monde où la redistribution sociale est la plus importante. C'est donc un point crucial. Selon les ambitions, ce revenu universel pourrait varier de 524 euros (c'est le RSA) à 1.400 euros (c'est le Smic).
Si on coupe la poire en deux, autour de 750 euros, le coût de cette révolution serait de 565 milliards. Pour trouver l'argent, c'est simple : l'impôt, le redéploiement des aides et les économies de gestion du système actuel. Mais en réalité, l'obstacle le plus raide c'est que, quel que soit l'architecture de ce revenu universel, il imposerait une vaste réforme fiscale. La révolution toujours promise et toujours en devenir.
Le bloc-notes
Les futurs fusils d'assaut de l'Armée française seront allemands. Il n'y a pas de candidat français pour ce marché.
La note du jour
05/20 au trio Saint-Denis, Nantes et Clermont-Ferrand, qui dominent le palmarès des hausses d'impôts locaux 2016. Plus de 6% de hausses, alors que l'inflation est quasi-nulle.