On connaît le successeur de Carlos Ghosn. Les 18 membres du conseil d'administration se réunissent tout à l'heure et, sans retournement de situation, ils vont nommer Jean-Dominique Sénard, président de Renault, et Thierry Bolloré, directeur général, c'est-à-dire responsable de la gestion opérationnelle de l'entreprise. Les deux fonctions étaient jusqu'ici occupées par le même homme, Carlos Ghosn.
Jean-Dominique Sénard est souvent qualifié d'anti-Ghosn. Il y a un peu de cela dans le style. Ce n'est pas un homme qui louerait le château de Versailles pour se marier, comme l'avait fait son prédécesseur. Il est discret, très courtois, il appartient à l'élite française classique, comme on n'en fait plus beaucoup. Un parcours d'industriel, qui l'a porté à la tête de Péchiney, au moment où l'entreprise a été avalée par un acheteur étranger, puis chez Michelin, où il a brillamment développé l'entreprise.
Ce qui est moins classique, c'est sa conception du capitalisme, assez inhabituelle chez un grand patron. Certaines de ses critiques sur le court-termisme de la bourse, sur l'aveuglement de ceux qui ignorent la responsabilité sociale et environnementale des entreprises, sur le retour de la question sociale avec la montée du populisme, tout cela ne déparerait pas chez certaines ONG.
Il a également rédigé un rapport avec Nicole Notat, ancienne patronne du syndicat CFDT, pour moderniser le droit français et permettre que les entreprises se dotent de ce qu'il a appelé "une raison d'être", qui complète les objectifs économiques de profit.
Ça n'est pas un révolutionnaire, mais c'est certainement un réformiste
François Lenglet
Ça n'est pas un révolutionnaire, mais c'est certainement un réformiste, critique de ce qu'il appelle les "dérives du capitalisme", c'est l'expression qu'il a utilisée l'été dernier, à Aix, lors des rencontres du cercle des économistes, où il a été applaudi à tout rompre par l'assistance. On n'aurait jamais entendu cela dans la bouche de son prédécesseur, qui était au contraire un avocat infatigable du système actuel.
Dès lors, quelles seront ses premières missions en arrivant chez Renault ? La priorité, c'est un travail de diplomatie. Il va falloir réparer les liens entre les Français et les Japonais, très éprouvés par la crise Carlos Ghosn.
Son ordre de mission est clair : réaffirmer la prééminence historique de Renault dans l'association des trois entreprises, avec Nissan et Mitsubishi, qui constituent le premier constructeur mondial, 10 millions de véhicules vendus par an. Tout en faisant plus de place à Nissan, qui est aujourd'hui, sur le plan juridique, un partenaire mineur, alors qu'au plan économique, c'est devenu le poids lourd de l'alliance.
Cela passe probablement par le rééquilibrage des participations croisées. Renault détient 43% de Nissan, avec droits de vote, alors que Nissan ne possède que 15% de Renault, sans droit de vote. Les Français veulent faire de lui également le président de Nissan. Au total, ce changement de tête est peut-être une occasion de faire entrer l'Alliance dans une phase plus équilibrée et plus stable. Mais la partie va être très serrée.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte