Panique boursière : comment expliquer cette contagion ?
REPLAY - REPLAY / ÉDITO - Les marchés asiatiques ont rebondi légèrement mardi 25 août après une journée noire sur les bourses mondiales. La Chine connaît la situation des États-Unis de 1929.

La première chose qui explique la panique, c'est l'hystérie des boursiers, qui exagèrent tout, à la hausse comme à la baisse. La bourse, c'est le syndicat des moutons de Panurge. Cela n'a rien de rationnel, au moins sur le court terme. Sur le fond, tout le monde a réalisé brutalement que l'hyper-croissance chinoise, c'était fini. Et fini pour toujours. Le pays a connu une formidable accélération économique comme il ne s'en est jamais produit dans l'histoire économique à cette échelle. Il est passé de 5% du PIB mondial il y a trente ans, au début des réformes, à 20% du PIB mondial, c'était le rattrapage. La Chine vient de terminer ses Trente glorieuses.
On avait pourtant l'impression que le gouvernement chinois dirigeait l'économie d'une main de fer, et qu'il avait les moyens d'éviter la crise. C'est cette illusion-là qui est en train de se dissiper. La Chine n'échappe pas aux lois de la gravité. Après une la surchauffe comme celle qu'elle a connue depuis un quart de siècle, elle a vermoulu son système bancaire et financier. L'endettement intérieur du pays est considérable. Les entreprises sont sur-endettées, tout comme les organismes publics, les provinces, et bon nombre de ménages de la classe moyenne supérieure.
Le pays est en train de vivre une vraie crise financière, un peu comme les Etats-Unis de 1929, après une formidable période de croissance et un boom immobilier sans précédent. La Chine est positionnée exactement comme les USA de l'époque dans le cycle du développement.
Mais sur le court terme, il ne faut pas dramatiser. D'abord parce que le gouvernement chinois a encore des cartouches pour organiser une relance, contrairement aux pays occidentaux. Ensuite, parce que la Chine n'est pas le cœur du système financier mondial, qui reste aux États-Unis.
L''économie mondiale, c'est comme un jeu de Mikado
François Lenglet
François Hollande aurait donc raison de nous dire que "ce n'est pas grave". Car en elle-même, la secousse chinoise n'est pas si grave. Le problème, c'est que l'économie mondiale, c'est comme un jeu de Mikado. Si on bouge une baguette, on risque toujours de faire bouger les autres.
Un exemple : la Chine est le premier consommateur mondial de cuivre. Elle avale près de la moitié de la production de la planète. Si elle construit moins de buildings, elle a moins besoin de cuivre pour les fils électriques. Elle en achète moins. Compte tenu de son poids sur le marché, elle fait chuter les prix. C'est alors le Chili qui trinque. Le premier producteur de cuivre voit ses revenus s'effondrer, et voilà la crise chinoise propagée en Amérique du Sud.
À court terme, la principale conséquence chez nous porte sur la monnaie, puisque l'euro remonte. Il a atteint 1,17 dollar lundi. Il n'était qu'à 1,09 dollar il y a dix jours. Cela fait 7% de hausse. C'est beaucoup, et il faut espérer pour nos exportateurs que cela ne dure pas.
À long terme, le ralentissement chinois va profondément transformer l'économie mondiale. D'abord en réduisant les échanges commerciaux, et peut-être aussi en interrompant les délocalisations d'usines là-bas. De la même façon que l'essor de la Chine avait mondialisé l'économie, en augmentant les liens croisés entre les pays, la crise chinoise va la dé-mondialiser en partie. Et ce n'est pas seulement négatif.
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