"Je ne comprends pas comment on peut aller faire fabriquer en Thaïlande ce qu'on fait très bien chez nous" : le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a fait part mardi 11 mars sur RTL de son mécontentement concernant la fabrication à l'étranger des maillots utilisés par l'équipe de France de football lors de la prochaine Coupe du monde en juin.
Cette sortie est intéressante, parce qu'elle anime encore le débat sur le "made in France". Maintenant, est-ce qu'elle fait avancer le débat ? La réponse est catégorique : non ! Si l'on en reste à cette micro-affaire des maillots, on constate que cette tunique rapporte 47 millions d'euros chaque année à la Fédération française de football, qui en redistribue d'ailleurs une grande partie aux clubs de foot amateurs de l'hexagone.
En clair, cet argent finance une partie des rencontres dominicales de nos enfants. Dans un contexte où tous les budgets sont étranglés, ce retour n'est-il pas socialement plus rentable que quelques milliers de maillots potentiellement fabriqués en Bretagne, et dont la production n'exige - on le sait - ni investissement, ni embauche supplémentaire ? Le "made in France" mérite un meilleur débat.
La France compte 31 des 500 premiers groupes industriels du monde. Seuls les États-Unis, la Chine et le Japon font mieux. Ces géants vivent à fond la mondialisation, et c'est une chance pour notre économie. Notre enjeu, maintenant, c'est d'en avoir encore plus en faisant grandir de nouveaux champions dans des activités innovantes, celles du futur ou qui tirent avantage compétitif du label France (comme le tourisme).
Le défi de l'industrie française, ce n'est pas de se battre pour fabriquer des shorts et des chaussettes pour onze footballeurs ! En focalisant l'opinion publique sur ce genre d'affaires, on s'éloigne du fond pour rester collé aux emplois pas chers, peu qualifiés et surtout ouverts à la concurrence internationale contre laquelle on n'est pas de taille.
Si on veut parler textile, mettons le paquet sur les textiles intelligents, ceux à forte valeur ajoutée (ceux qui sont utilisés dans des conditions extrêmes ou qui se transforment en auxiliaire thérapeutique). Là, le "made in France" signifie réellement quelque chose.
Tant pis pour l'emploi ? Une des raisons de la déprime actuelle, c'est que notre politique industrielle est aussi illisible que celle de l'équipe précédente. Le constat peut paraître injuste car, depuis le , de bonnes initiatives se sont multipliées. Mais cela s'est fait dans une telle confusion et une telle instabilité, que l'on n'a retenu qu'une seule chose : le retour de Colbert et la création immédiate d'emplois.
Ça, c'est un leurre ! Pire : c'est une faute d'analyse qui va être meurtrière à terme. On propose de la chirurgie esthétique alors que nous sommes au bord de l'infarctus.
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