Après des dizaines de films tournés en France, Europacorp, la société de Luc Besson (à qui l'on doit Le Cinquième élément ou Taken) envisageait de tourner Valerian à l'étranger pour raison de coûts. Car le cinéma se délocalise aussi. Plusieurs dizaines de grosses productions françaises récentes ont en effet émigré. La French s'est, par exemple, tourné en Belgique ; le dernier épisode des Visiteurs, en République tchèque.
Pour contrer cela, les films français tournés en France bénéficient d'un crédit d'impôt qui allège la facture. Mais cette aide était soumise à des restrictions, en particulier pour les films tournés en anglais. C'est le cas des productions de Besson, qui visent le marché international, alors que des productions étrangères en France, elles, avaient le droit au crédit !
Le système a donc été massivement élargi. L'aide serait désormais de 30% des dépenses de production, à hauteur de 30 millions, déductibles de l'impôt sur les sociétés, et même les films tournés en anglais pourront en profiter.
Ce crédit d'impôt finance toutes les dépenses de production : une partie du salaire des acteurs, les salaires des techniciens, les dépenses de transport, d'hébergement et de restauration de l'équipe, qui seront donc financés par le contribuable à hauteur de 30%.
Au total, avant même ce crédit étendu et la baisse de la TVA sur les billets de cinéma, le cinéma recevait 1,7 milliard d'euros par an d'aides diverses, dont 600 millions d'aides publiques, le reste provenant des contributions forcées des chaînes de télévision. 1,7 milliard d'euros d'aides pour un 1,3 milliard d'euros de recettes dans les salles ! Le cinéma est l'un des secteurs les plus aidés. Ces aides ont augmenté, entre 2002 et 2012, de 88%. C'est quatre fois plus que les autres dépenses de l'État.
Ces aides contribuent incontestablement au dynamisme du secteur - heureusement, à ce prix-là ! La France est l'un des pôles de créativité et de production les plus importants au monde, avec 270 films en 2013, et quelque 100.000 emplois. C'est le seul pays qui a résisté en Europe. L'Allemagne a disparu, l'Italie aussi. Et on a, grâce à Luc Besson, des films qui font des cartons mondiaux.
Pour justifier ces aides, les professionnels du cinéma nous disent que ce n'est pas un secteur comme les autres. C'est aussi ce que nous disent les professionnels du livre pour justifier le prix unique, ceux de la presse, ceux de l'alimentation, de la santé ou de l'éducation. Pourquoi pas demain la production d'oreiller ou d'arrosoir en plastique ?
Plus sérieusement, le patron d'Air France demande lui aussi des aides pour compenser le coût du travail français. On ne voit pas très bien pourquoi personne n'étudie cette demande. Car s'il est indispensable d'avoir un cinéma puissant et de qualité, c'est au moins aussi utile pour le pays d'avoir une compagnie aérienne en forme.
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